L'affaire Lactalis porte un coup au secteur florissant du lait infantile

67 pays sont concernés par les rappels de lait pour bébé de Lactalis, potentiellement contaminés à la salmonelle. Les exportations françaises de lait infantile, qui avaient connu un grand essor, risquent d'en pâtir.

Au-delà des dégâts pour le groupe Lactalis lui-même, c'est toute la filière française du lait pour bébé qui va devoir surmonter le scandale de cette bactérie, la salmonelle. La France mettait justement en avant son savoir-faire en matière d'hygiène et de traçabilité. Elle a exporté 160 000 tonnes de lait infantile en 2017, en hausse de 17%, selon Pierre Bégoc, expert chez Agritel. En 2015 le chiffre d'affaires était de 700 millions d'euros, 10% de la valeur de tous les produits laitiers exportés par la France, fromages inclus !

Premier client l’Algérie

Le géant gazier d'Afrique du Nord reçoit 12% des exportations françaises de lait pour bébé, pour des raisons de proximité et de manque de ressources. L'Arabie saoudite représente 7% du marché français, au même niveau que l'Allemagne. En Afrique, la Libye et l'Egypte sont aussi d'importants clients (avec 3% des achats). Le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Sénégal achètent chacun entre 1,5 et 2% du lait pour bébé exporté par la France, selon le Centre national de l’industrie laitière (CNIEL), ce n'est pas négligeable.

Quid des investissements chinois en France ?

Mais c'est la Chine qui a fait décoller les exportations françaises de lait infantile. Depuis le scandale de la mélamine, ce produit toxique introduit dans le lait chinois, qui avait fait 6 morts et 300 000 malades en 2008, la Chine importe de quoi faire 11 milliards de litres de lait pour bébé : 40% des exportations mondiales et 10% de celles de la France, dont elle est le deuxième client - elle en était même le premier en 2013. Le Français Lactalis était le troisième fournisseur de lait infantile de la Chine, derrière le Suisse Nestlé et le Français Danone ; les Chinois Synutra et Biostime ont même investi dans les tours de séchage de Sodiaal en Bretagne et d'Isigny-Sainte-Mère en Normandie, au cœur des bassins laitiers français.

On peut se poser aujourd'hui la question de la pérennité de tous ces investissements chinois. On peut aussi craindre que la France ne perde la confiance de tous ses autres marchés pour ce produit hautement sensible qu'est le lait pour bébé.

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