De notre correspondante à Lisbonne,
Le président Marcelo Rebelo de Sousa a décidé de consacrer les fêtes de fin d’année aux régions sinistrées par les incendies. Il a passé Noël à Pedrogão Grande, une bourgade du centre du pays où 64 personnes ont péri, la plupart prisonnières de leurs voitures en tentant de fuir. Cette catastrophe remonte au 18 juin dernier, mais pour beaucoup c’était hier.
Les traces des incendies gigantesques de l’été sont encore bien visibles et le président, qu’on surnomme souvent le président de l’affection, parce qu’il n’hésite pas a prendre les gens dans ses bras ou à les embrasser, a tenu a montrer son soutien sur le terrain. Pour le Nouvel an, il se rendra dans la région de Oliveira de Hospital, où cette fois ce sont les incendies du 15 octobre dernier qui ont provoqué une immense tragédie. Face au traumatisme, le président de la République et les autorités en général appellent à la solidarité.
L’aide à la reconstruction encore incomplète
Dans la région de Pedrogão Grande, celle atteinte par l’incendie du 18 juin, 118 des 263 maisons brulées ont été reconstruites. Les autres le seront prochainement. Dans la région du centre décimée en août, en septembre et surtout le 15 octobre, plus de 1 400 maisons détruites ont été recensées. Les divers fonds créés pour gérer les dons qui ont afflué pour aider les survivants permettent de reconstruire, mais il était impossible que tout soit terminé avant Noël.
L’aide concerne aussi les dizaines d’entreprises détruites, et les employés qui se retrouvent au chômage. Le gouvernement vient de débloquer une nouvelle enveloppe de 40 millions d’euros pour aider 20 000 agriculteurs indépendants qui ont déclaré des dégâts jusqu’à 5000 euros. Plus de la moitié d’entre eux ne disposent même pas de compte bancaire et cela en dit long sur les difficultés. Plusieurs ministères – Travail, Sécurité sociale, Agriculture – sont impliqués dans la gestion des aides sur le terrain.
La gestion des incendies pointée du doigt
Les rapports qui se succèdent sur la tragédie n’en finissent pas de révéler les failles et les incompétences des différents secteurs impliqués dans la lutte contre les incendies. Le gouvernement a été malmené politiquement, la ministre de l’Intérieur contrainte a la démission l’été dernier, le Premier ministre Antonio Costa qui a fait adopter une réforme de la stratégie forestière au lendemain de la catastrophe de Pedrogão en juin, veut aller vite. L’été 2018 ne peut pas ressembler à celui de 2017. Costa vient de conclure les deux premières années de son mandat électoral et le Portugal aligne en effet de bons résultats économiques.
Son déficit devrait être ramené à 1,4 % du PIB et la croissance pourrait être de 2,6 % du PIB cette année. Néanmoins, les terribles incendies de l’été meurtrier et ses 550 000 ha partis en fumée sont dans tous les esprits. Noël et le premier de l’an ont comme un goût de cendre.