Italie: le chapelier Borsalino en faillite

Rendu célèbre dans le monde entier par des stars comme Humphrey Bogart, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Marcello Mastroianni ou encore Johnny Depp et Stromae, le légendaire chapeau Borsalino pourrait ne plus être produit. La faillite de l’entreprise piémontaise a été déclarée lundi 18 décembre par le tribunal d’Alexandrie, berceau de la famille Borsalino. Pourquoi une entreprise aussi symbolique du « Made in Italy » se retrouve t-elle en situation de faillite ?

De notre correspondante en Italie,

En fait, le tribunal d’Alexandrie avait déjà mis en redressement judiciaire, fin 2016, le mythique chapelier, implanté dans cette ville du Piémont. Le plan de relance, présenté par le fond d’investissements Haeres Equita, repreneur de l’entreprise en 2015, avait été rejeté.

Mais Haeres, dont l’actionnaire majoritaire est l’entrepreneur italien Philippe Camperio, semblait déterminé à poursuivre son engagement, pour préserver le savoir-faire unique de 134 employés et éponger 30 millions de dettes accumulées par l’ancien patron, Marco Marenco, arrêté en Suisse en 2015 pour fraude et évasion fiscale.

Malgré sa détermination, et un chiffre d’affaires de plus de 15 millions d’euros, Haeres n’a pas réussi à relever le défi en 2017. Le tribunal a donc rejeté son deuxième plan de redressement assorti de remboursement aux créanciers, et prononcé la faillite. Deux administrateurs judiciaires ont été nommés. Reste à savoir si l’activité pourra continuer.

Retour sur l’histoire d’une des marques de chapeau les plus prestigieuses

Tout débute en 1857, lorsque deux frères, Giuseppe et Lazzaro Borsalino, créent un atelier de chapeaux. Leurs feutres sont fabriqués selon des traditions ancestrales, avec des machines qui transforment les poils de lapin, de lièvre ou de ragondin, en un duvet très soyeux.

Au début du XXe siècle, plus de 2 millions de chapeaux sont produits chaque année. Mais c’est à partir de 1942 que le Borsalino va devenir un mythe planétaire, grâce à Humphrey Bogart et Ingrid Bergman qui portent tous deux un modèle du luxueux feutre dans la scène finale de Casablanca.

Le mythe sera cultivé par Mastroianni, Delon et Belmondo. Mais aussi Al Capone, François Mitterrand ou encore Silvio Berlusconi et Kate Moss. Bref, un vrai « must » pour les artistes, les politiques et les gangsters de haut rang. Mais l’entreprise, qui va passer de main en main, se retrouve au cœur d’un scandale politico-économique en 1992 et n’arrivera plus, dès lors, à bien remonter la pente.

Une dernière question : quel est le prix moyen d’un feutre Borsalino ?

Le modèle feutre lapin gris, à bord long et mou, légèrement recourbé à l’arrière, et dont le sommet de la calotte est creux, se vend actuellement à près de 300 euros. Mais il faut savoir que la fabrication artisanale d’un Borsalino nécessite plus de 70 étapes.

En 2017, 70 % de la production annuelle, soit 250 000 chapeaux, a été destinée à l’exportation. Espérons qu’un petit miracle de Noël garantira encore longue vie à ce chapeau culte.

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