Surtout du premier d’entre eux, l’américain Monsanto, principal accusé désigné par tous ceux qui dénoncent l’usage de cette substance probablement cancérogène. Monsanto fabrique et vend du glyphosate depuis les années 70. Dans les années 90, avec la mise au point des semences génétiquement modifiées capable de résister aux herbicides, les ventes de son produit phare à base de glyphosate, le round up, s’envolent. Depuis 1996, tous producteurs confondus, les ventes mondiales de glyphosate ont été multipliées par 15. Et cela va continuer sur cette lancée. Selon les dernières études sur la question, la consommation devrait augmenter d’au moins 5 % dans les 5 prochaines années. Pour Monsanto qui réalise le tiers de son chiffre d’affaire avec le round up comme pour les autres fabricants, sa remise en cause pourrait déboucher sur une crise majeure.
L’Europe, gros consommateur de glyphosate ?
Ici comme ailleurs, l’herbicide est en tête des ventes. Mais en part de marché, l’Europe ne représente que 15 % de la demande mondiale, tandis que l’Asie absorbe 35 % de la production. Avec la Chine et l’Inde en tête, cette région portera la croissance future du marché. Depuis que le brevet est tombé dans le domaine public, en 2000, il y a de plus en plus d’industriels chinois qui se sont mis à en fabriquer. Même si l’Europe n’est pas le premier débouché du glyphosate et de loin, toute décision en sa défaveur sera un nouveau coup dur pour les fabricants. Car cet été la Californie, le grenier de l’Amérique, a classé ce désherbant dans la catégorie des produits dangereux pour la santé humaine. Ce que Monsanto et des associations d’agriculteurs contestent en justice.
La décision de Bruxelles intéresse Bayer
Parce qu’il fabrique lui aussi des herbicides à base de glyphosate et surtout parce qu’il est sur le point de racheter Monsanto. L’an dernier il a mis 60 milliards de dollars sur la table pour s’offrir le champion américain des OGM. Et depuis il attend le feu vert des autorités de tous les pays concernés par cette méga fusion qui effraie autant les écologistes que les concurrents. Si l’Europe met un carton jaune au glyphosate, cela complique l’opération.
Un plan B chez les industriels
Monsanto, Bayer et tous les autres se préparent activement. L’américain a dans sa mallette de grand sorcier de l’agrobusiness le dicamba, un cousin du glyphosate, un successeur potentiel, mais déjà sur la sellette, l’agence gouvernementale de l’Arkansas envisage de l’interdire, car il ferait baisser les rendements des récoltes voisines. Quant à Bayer, son basta 2 est souvent présenté comme l’alternative idéale, mais cet herbicide a déjà été retoqué par les autorités sanitaires françaises parce que lui aussi pourrait être cancérogène. Le directeur France de Bayer a indiqué la semaine dernière que son groupe a déjà dépensé des centaines de millions d’euros pour mettre au point une alternative au glyphosate. En vain jusqu’à maintenant. Mais l’histoire des désherbants chimiques est loin d’être terminée, car pour la majorité des agriculteurs il est aujourd’hui impensable de s’en passer.
En bref
La Chine divise par 2 les droits de douane perçus sur toute une série de biens de consommation.
Près de 200 produits sont concernés, du whisky au prêt-à-porter en passant par des produits alimentaires. Pékin veut inciter les ménages à consommer plutôt qu’à dépenser à l’étranger et c’est aussi un signal d’ouverture adressé au monde entier.