Plaintes et harcèlement dans l’audiovisuel français

Nous parlons avec vous du harcèlement sexuel dans les médias, avec une plainte déposée en France contre l’actuel directeur de la rédaction de la chaîne d’information LCI, pour des faits remontant à 2012-2013 lorsqu’il dirigeait la rédaction de France 2.

Il y avait l’affaire Bill O Reilly, sur Fox News, puis l’affaire Wenstein, qui a éclaboussé tout Hollywood. Désormais, les accusations de harcèlement sexuel gagnent les médias français. Après « Balancetonporc », qui a mis en cause l’ancien directeur général d’une chaîne équestre ; après Gilbert Rozon, ce producteur canadien accusé d’agression sexuelle, qui a amené M6 à renoncer à une grande partie de son émission « La France a d'incroyables talents » où il était jury ; c’est au tour du groupe TF1, à travers sa filiale LCI, et France Télévisions, d’être touchés par une plainte d’une journaliste, Anne Saurat-Dubois.

Dans un tweet, cette journaliste de BFM TV a annoncé qu’elle avait porté plainte contre son ancien chef à France 2, Eric Monier, aujourd’hui directeur de la rédaction de LCI, pour harcèlement sexuel et moral. Un article est paru sur le site Buzzfeed avec le détail des faits en 2012. A savoir l’invitation à déjeuner sous le prétexte de faire passer « un bilan de compétences » à cette salariée en contrat à durée déterminée, puis les confidences intimes, puis les avances déclinées, et pour finir la menace de faire de sa vie un « enfer ». Par exemple, en la privant d’antenne.

L’ancien patron de la rédaction de France 2 a porté plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Et son employeur TF1 ne peut que respecter à ce stade la présomption d’innocence. Pourtant, 13 journalistes travaillant sous les ordres d’Eric Monier confirment selon Buzzfeed des comportements inappropriés de sa part. Et le premier syndicat de journalistes, le SNJ, a déclaré qu’il allait se porter aux côtés d’Anne Saurat-Dubois. Le syndicat rappelle qu’il n’a cessé de dénoncer auprès des dirigeants de France Télévisions des « comportements brutaux, grossiers, méprisants, arrogants » et les « techniques de harcèlement » de ce directeur. Ce qui laisse penser que, comme les dirigeants de Fox News à propos du présentateur Bill O Reilly, la présidence de France Télévisions était alors au courant des agissements de ce cadre supérieur.

Si la télé est sans doute touchée comme tous les secteurs par le harcèlement sexuel, on voit ainsi qu’il y a là quelques spécificités. Dans ce monde du spectacle, où les jeunes recrues recherchent la lumière des antennes, des hommes ont souvent le pouvoir de déterminer la carrière de femmes qui ont elles-même été choisies pour séduire. Comme il s’agit d’un monde d’intermittents du spectacle et de précarité, certains hommes peuvent être tentés d’abuser de leur pouvoir. C’est, malheureusement aussi, l’enjeu de la féminisation des postes de direction dans les entreprises audiovisuelles.

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