Attentat à New York: la fin de la loterie des cartes vertes?

Après l'acte terroriste commis à New York mardi 31 octobre qui a fait huit morts, Donald Trump a déclaré que le groupe Etat islamique paiera « le prix fort » pour tout attentat contre les Etats-Unis. Le président américain réclame la peine de mort contre Sayfullo Saipov, qui a revendiqué son allégeance à l'Etat islamique. Il a également lancé le débat sur la loterie des cartes vertes. Ce programme permet chaque année à 50 000 étrangers tirés au sort de gagner un droit de séjour et de travail aux Etats-Unis.

• Est-on bien certain que le terroriste est entré aux États-Unis grâce à cette loterie des cartes vertes ?

Oui, c’était en 2010. Le terroriste de 29 ans venait d’Ouzbékistan, un des pays les plus touchés par le jihadisme en Asie centrale. On estime qu’environ 1 500 Ouzbeks sont partis en Syrie. Pour autant, le pays ne fait pas partie de la liste du fameux Travel Ban de Donald Trump. En tout cas, Seyfolla Saipov a donc bien obtenu sa carte verte grâce à cette loterie.

Mais au moment où il a gagné ce visa, il n’était pas encore animé d’intentions terroristes. Car, selon les premiers éléments de l’enquête, cet homme de 29 ans qualifié d’« animal » par Trump se serait radicalisé assez récemment, et ce sur le territoire américain, au contact de la propagande jihadiste sur Internet. Cet individu était d’ailleurs inconnu de la police ouzbek comme du FBI jusqu’à mardi dernier. Sa sœur, interrogée par des médias locaux en Ouzbékistan, explique qu’il a grandi dans un milieu laïque, peu pratiquant, en Ouzbékistan.

• Pour autant, Donald Trump a immédiatement demandé l’abrogation de cette loterie des cartes vertes en accusant le camp démocrate.

Oui, le président s’est d’abord insurgé sur Twitter. Dans ses mots à lui il a qualifié le programme de « loterie démocrate », « nous devons être plus stricts et plus intelligents », « Le terroriste est entré dans notre pays grâce à la loterie des cartes vertes », a-t-il tweeté. « Une prouesse de Chuck Shumer… Je veux que l’accès aux États-Unis soit basé sur le mérite ». Chuck Shumer est le chef de l’opposition démocrate au Sénat.

C’est aussi l’un des promoteurs de ce programme. Shumer a immédiatement répondu aux présidents dans un communiqué : « J’ai toujours cru et je continue de croire que l’immigration est une bonne chose pour l’Amérique » a-t-il dit. « Plutôt que de diviser les États-Unis en des temps de tragédie nationale, a-t-il ajouté, le président Trump devrait se concentrer sur la vraie solution, le financement antiterroriste, qu’il a proposé de réduire dans son dernier budget ».

• Pourtant, cette loterie des cartes vertes est un programme plutôt bipartisan aux États-Unis, validé à la fois par les démocrates et les républicains.

Oui, ce type de mesure existe depuis près de 25 ans aux États-Unis. Le programme de loterie de visas de diversité, c’est son nom a été adopté en 1990, dans le cadre de l’immigration Act. Il est entré en vigueur en 1995. Chuck Shumer a en effet beaucoup soutenu cette mesure. Mais sa loi générale de mise en application a été votée à l’époque par des démocrates, mais également par des républicains. Mais surtout elle a été signée par George Bush père.

Par ailleurs, cette loterie est certes aléatoire, mais elle est tout de même sélective. Les candidats doivent justifier d’un niveau d’études équivalent au BAC ou de deux années d’emploi dans leur pays. Enfin, deux études officielles menées en 2007 et en 2011 par le Congrès n’avaient pas établi de menace particulière liée à cette loterie. Mais il est certain que cet attentat permet à Trump de nourrir son discours anti-immigration. « Ce n’est pas bon », a-t-il dit. Le président américain a donc promis de lancer immédiatement les démarches pour que la loterie des cartes vertes soit abrogée par le Congrès.

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