Une embellie économique en Ukraine

L’agence américaine Moody’s vient de relever la note de l’Ukraine. Une amélioration très modeste, mais un signal positif pour les Ukrainiens. Après une grave crise économique en 2014-15, et une récession d’au moins 9 %, le pays semble regarder de l’avant.

de notre correspondant à Kiev,

Selon le communiqué de Moody’s, la hausse de la note de l'Ukraine a pouyr objectif de pointer l’impact des quelques réformes structurelles mises en place ces dernières années. Notamment la stabilisation des finances publiques, la restructuration de la dette extérieure des secteurs bancaire et gazier. C’était il y a encore peu des trous noirs de la corruption dans le pays.
C’est une amélioration très modeste: de Caa3 à Caa2, c’est-à-dire d’une appréciation stable à une appréciation positive. On est encore très loin des sacro-saints Triple A, dont bénéficie par exemple la France. Mais le signal est fort: grâce à cette simple amélioration, l’Ukraine a accès des taux plus avantageux sur les marchés internationaux, pour emprunter. Un avis positif peut aussi encourager les investisseurs à venir s’implanter en Ukraine.

Une croissance soutenue mais fragile

+ 2,3 % l’an dernier, 2 % cette année, et on s’attend à 3 % en 2018. C’est le signe que l’Ukraine a sorti la tête de l’eau, après une dévaluation catastrophique, une récession historique, une désorganisation totale de l’État dans un contexte de révolution et de guerre. Les annonces de création d’entreprises, d’industries, de start-up, se multiplient. Le président Petro Porochenko a accueilli l’annonce de Moody’s en assurant que l’Ukraine était sur le chemin d’une transformation radicale, et ne s’arrêterait pas.

Pour autant, il faut relativiser. D’abord parce que la conjoncture politique et militaire en Ukraine reste très instable, et donc peut tout remettre en cause du jour au lendemain. Mais aussi parce que l’annonce de Moody’s concerne avant tout le secteur financier, et la reprise économique n’a pas encore d’effet visible sur l’état des infrastructures, ou même l’emploi. Pour l’instant, les Ukrainiens restent parmi les plus pauvres en Europe, en termes de PIB par habitant.

Assurer une croissance qui profite à la population

Des économistes très pointus se sont cassé les dents sur ce sujet : comment assurer une croissance qui profite à la population ? Un des éléments de réponse, c’est le temps. Des réformes structurelles, en plus que celles déjà évoquées, peuvent aussi changer la donne : par exemple, la décentralisation du pouvoir vers les collectivités locales, ou encore l’abandon de la nomenclature soviétique, et la modernisation des normes de production. Tout ceci peut, sur la durée, changer la nature même de l’économie ukrainienne.

Autre point: il faudrait que la lutte contre la corruption soit efficace, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent. On assiste plutôt à une résistance, à des contre-attaques du système de corruption qui ne donnent pas vraiment d’espoir d'une lutte sérieuse contre la corruption, qui reste la véritable gangrène de l’économie.

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