Le tourisme, pilier de l'économie kenyane a connu un essor remarquable cette année, 12%, mais à l'approche des élections le flux des visiteurs étrangers a brusquement ralenti de 30%, observe Estelle Verdier Watine, elle tient l'agence de réservation hôtelière Jumia Travel : « Dans le tourisme, les seuls qui se déplacent actuellement, ce sont les gens du Kenya qui sortent de la capitale parce qu'ils veulent être à l'écart des violences potentielles. Mais de façon générale, depuis une semaine on commence à avoir une baisse très accentuée des réservations d'hôtel. Cette semaine, on pense que les chiffres vont être très mauvais. Ensuite, on espère que ça va revenir à la normale le plus rapidement possible. »
Les risques liés à l'élection ne sont pas les seuls à fragiliser une économie kenyane pourtant dynamique : la sécheresse porte un coup dur à l'autre secteur prépondérant, avec celui des services : l'agriculture. La production de maïs s'est effondrée, le coût de la céréale la plus consommée a doublé. Et les déplacements de troupeaux du nord, trop sec, sont devenus insoutenables pour les éleveurs du centre du Kenya, comme Tom Silvester : « Dans notre ferme, nous avons environ 5 000 bovins. Un jour nous avons été envahis par plus de 35 000 bêtes... Ça a détruit totalement notre pâturage. Et du coup c'est notre bétail qui crève de faim. Il y a de plus en plus d'invasions depuis 2015 avec la sécheresse. Mais la principale cause, c'est la mauvaise gestion des pâturages dans le nord du Kenya depuis des années. »
L'industrie encore embryonnaire au Kenya, avec quelques usines textiles, commence à attirer les investisseurs, souligne l'économiste kényan Ali Khan Satchu, grâce au boom de la construction : « Notre population vient habiter en ville de façon massive, et il y a une forte pénurie d'habitations. Jusqu'à présent toutes nos tuiles étaient importées de Chine. Mais une entreprise chinoise a investi 30 millions de dollars dans le nouveau chemin de fer pour pouvoir fabriquer des tuiles... au Kenya. »
Nouveau train entre Nairobi et Mombassa, centrales géothermiques, internet à haut débit, le gouvernement sortant a privilégié les infrastructures pour attirer les investisseurs et fournir de l'emploi à la jeunesse, grand défi du Kenya. Mais le bon déroulement du scrutin sera aussi déterminant pour la croissance à venir du pays.