A Darjeeling le soulèvement séparatiste stoppe la récolte du meilleur thé de l'année. Dans les montagnes de cette région très enclavée du nord-est de l'Inde, le mouvement pour un Gorkaland autonome s'est réveillé. D'autant plus fort que le gouvernement de l'Etat du Bengale occidental, loin de là, à Calcutta, veut imposer à Darjeeling l'usage du bengali à l'école alors que l'on parle dans ces montagnes le nepali.
La riposte de la police aux manifestations est inhabituellement violente. La tension ne redescend pas depuis le début du mois. Dans les plantations de thé, les « 87 jardins » de Darjeeling, pas question de braver l'ordre de grève des séparatistes. Plus personne ne circule. Le travail s'est arrêté, les feuilles se multiplient sur les théiers, elles sont gâchées : la « récolte d'été », celle du mois de juin, sera tout juste bonne à faire des sachets alors que c'est la plus qualitative.
Darjeeling est une des seules origines de produits étrangers à disposer d'une appellation en Europe. Ce thé peut se vendre jusqu'à 200 dollars le kilo. En France, le dirigeant du Palais des thés s'est fourni juste avant les troubles, mais beaucoup d'acheteurs n'auront pas ces meilleures feuilles de Darjeeling. Les prix vont grimper, ce qu'ils avaient déjà fait et de 30% pendant la première récolte, celle de la mousson, qui avait été rare parce que trop sèche.
Pour l'industrie locale du thé, l'impact commence à être très lourd. Si les salariés des plantations sont encore payés à ce jour, l'industrie du thé Darjeeling s'attend à perdre 40% de son revenu annuel.
La tentation d'aller chercher du thé au Népal voisin et de l'estampiller Darjeeling, comme le font déjà certains producteurs indiens et certains acheteurs, risque d'être encore plus grande cette année.