Soyons honnête, le numéro 2 du fonds BlackRock, Philipp Hildebrand a tempéré cette annonce si douce aux oreilles des Européens d’un prudent : « peut-être » ! Mais quand même, ne boudons pas notre plaisir. La zone euro au bord du précipice à cause de la crise de la dette a repris du poil de la bête, c’est « la bonne surprise de 2017 », selon le Financial Times, le quotidien de la City.
À +1,7 % en 2016 la croissance de la zone euro a dépassé celle des États-Unis et cette année encore elle pourrait à nouveau faire la nique à cette Amérique où les effets des Trumponomics se font attendre. Cet élan est palpable, ce matin encore la Commission a révisé à la hausse ses prévisions trimestrielles. L’OCDE, le FMI et la BCE passent aussi leur temps à actualiser leurs estimations, à la hausse.
La reprise de la zone euro doit beaucoup au contexte extérieur
Le baril de pétrole à moins de 50 dollars a beaucoup aidé les pays européens très dépendants sur le plan énergétique. Ils profitent aussi aujourd’hui de l’embellie de la demande mondiale. Les grands exportateurs, l’Allemagne, et l’Espagne en sont les premiers bénéficiaires. Mais si la zone euro va mieux, c’est aussi grâce à la Banque centrale européenne qui a maintenu les taux d’intérêt au niveau du plancher.
Et grâce aux gouvernements nationaux des pays les plus frappés par la crise, ils ont fait des efforts pour s’attaquer aux déficits d’une part et pour transformer leur économie d’autre part. C’est pourquoi, un peu partout dans la zone euro, l’austérité a quasiment disparu. D’où le rebond de la consommation, c’est toujours le principal moteur de la croissance.
Certains pays de la zone euro sont encore très fragiles
La Grèce n’est toujours pas sortie de l’ornière. Mais aussi dans une moindre mesure l’Italie avec son surendettement massif et ses banques au bord de la faillite à cause des prêts non remboursés qui les mettent en péril. Rome est en train de trouver une solution pour assainir les établissements les plus menacés. Enfin, le niveau du chômage écorne ce tableau flatteur.
Il recule lentement et sûrement disent les experts, à 9,3 % il a retrouvé son niveau d’avant la crise, mais plusieurs pays comme l’Espagne, la Grèce ou la France ne sont toujours pas sortis du chômage de masse. Malgré tous ces bémols, les chefs d’entreprise ont un moral d’acier. Car les carnets de commandes sont bien remplis, surtout chez les exportateurs.
La zone euro a retrouvé confiance en elle ?
Elle est plus sûre d’elle et cela se voit dans les urnes. Après avoir été ébranlés par le Brexit, la montée des populismes, l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, les électeurs des 19 pays de l’union monétaire ont voté pour des partis ou des candidats europhiles.
L’élection d’Emmanuel Macron favorable à une zone euro plus intégrée en est la dernière démonstration. Consolidée sur le plan économique, la zone euro envisage maintenant de se renforcer sur le plan politique.