Brésil : la crise politique menace l’économie

La crise politique menace l’économie du pays. Une nouvelle manifestation est prévue ce mercredi 24 mai 2016, à Brasilia pour réclamer le départ du président Michel Temer. Les récentes accusations de corruption à son encontre fragile le redressement économique du pays.

 

Un an après la destitution de l’ancienne présidente, Dilma Rousseff, le Brésil se distingue à nouveau par de possibles affaires de corruption. Michel Temer, le président non élu, est suspecté d'avoir validé le versement d'un pot-de-vin en contrepartie du silence d'un ancien président de la chambre basse du Parlement brésilien, dans le scandale de corruption de Petrobras, le groupe pétrolier national.

Par ailleurs, un conseiller du président Temer est soupçonné d'être impliqué dans un réseau de corruption lié aux travaux du stade de football de Brasilia, le plus cher de la Coupe du monde 2014. Ces nouvelles révélations risquent d'anéantir les efforts conduits pour redresser le pays. Alors que dès son arrivée au pouvoir, Michel Temer en avait fait une priorité, affirmant vouloir laisser un pays en ordre de marche d'ici octobre 2018, date des nouvelles élections présidentielles.

A l'instar de Dilma Rousseff, Michel Temer est partisan des méthodes radicales. Pour sortir le pays de la récession, il a imposé des mesures d’austérité sévères comme le gel des dépenses publiques sur 20 ans, la réforme du régime des retraites en reculant l’âge de départ légal, ou encore la révision des règles du travail.

Des réformes douloureuses pour les Brésiliens

Même si le pays sort de deux années de récession, en 2015 et 2016 avec un déficit public record de plus de 10% du PIB et une dette dépassant les 65% du PIB, la 7e économie mondiale, poids lourd de l’Amérique du Sud reste attractif pour les investisseurs. Aujourd'hui la situation s'améliore, l'économie brésilienne sort peu à peu de la récession. Les réformes structurelles commencent à payer, le déficit des finances publiques se comble, l'inflation recule.

Malgré ces aspects plutôt positifs, la situation est loin d'être consolidée car le chômage reste élevé. En 18 mois il a quasiment doublé, passant de 7,4% à 13,2%. Ce qui, par capillarité, a affecté la consommation des ménages mais aussi le crédit. La situation est donc très contrastée, d'un côté des signes de reprises, de l'autre une détérioration du niveau de vie de la population.

Des progrès qui pourraient être anéantis en raison du contexte politique car la situation économique est liée à la stabilité politique et c'est bien ce qui inquiète analystes et observateurs.

Au regard de ces nouveaux scandales, ils redoutent de voir le pays plonger pour la troisième année consécutive dans la crise. La réaction des marchés en atteste : dès l'annonce du scandale, le réal brésilien s'est dévalué de 8% face au dollar et la bourse a reculé de près de 9%. Dans la foulée, l'agence de notation, Standard and Poor's a menacé hier mardi d'abaisser la note du Brésil, déjà classée en catégorie spéculative, en raison de « l'incertitude politique croissante ».

Reste que les industriels semblent moins inquiets que les investisseurs. A titre d’exemple,  le constructeur Renault va commercialiser la Kwid, sa voiture à bas coût dès le mois d'août au Brésil et entend l'exporter vers plusieurs pays voisins. Son concurrent PSA Peugeot-Citroën anticipe une reprise courant 2018, l'association brésilienne des constructeurs prévoit un rebond de 5 % dès cette année.

 

Partager :