De notre correspondant à São Paulo,
On reproche à Michel Temer, le président brésilien ses liens obscurs avec un homme d’affaire corrompu qu’il a reçu en catimini à la résidence présidentielle un dimanche soir. Il aurait lui-même touché de l’argent sale, et aurait tenté d’acheter le silence d’un autre politicien, condamné pour corruption. Alors, le procureur de la République a demandé l’ouverture d’une information judiciaire à la Cour suprême, qui est la seule à pouvoir juger un chef de l’Etat. Et les avocats de Michel Temer font tout ce qu’ils peuvent pour retarder la procédure.
Michel Temer est un président très impopulaire. Sa cote de popularité ne dépasse pas 9%. C’est l’image d’un président qui a passé toute sa carrière à passer des compromis avec des politiques. Ses partisans affirment qu’il est maître dans l’art de la négociation. Les autres dénoncent l’art de toute les compromissions. La gauche estime qu’il n’a pas de légitimité, puisqu’il n’a pas été élu : vice-président de Dilma Rousseff quand celle-ci a été destituée l’an dernier, il est devenu ainsi président. Certains le traitent de « putchiste » , accusé d’avoir manoeuvré pour parvenir au pouvoir.
La rue se mobilise
Il y a déjà eu plusieurs manifestations anti-Temer, mais pour l’instant la mobilisation n’a pas été massive. Plusieurs centaines de personnes ont ainsi défilé à Rio de
Janeiro ou São Paulo dimanche 21 mais. Mais les rassemblements étaient cependant bien plus modestes que les manifestations géantes de ces dernières années, notamment lors de la procédure de destitution lancée contre la présidente Dilma Rousseff en 2016.
Ce mercredi 24 mai, il y aura une nouvelle manifestation à Brasilia, la capitale politique, pour le pousser à la démission. Une hypothèse que Michel Temer a déjà rejeté trois fois en public, « J’y suis, j’y reste ». Il affirme qu’il a déjà sorti le pays de la récession, et que l’on ne peut pas gâcher tous les efforts qui ont déjà été accomplis, et qui commencent à payer. Et puis, en coulisse, on évoque aussi des pourparlers pour trouver une issue à la crise – si Michel Temer quittait le pouvoir, il serait remplacé par le président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia, et le Congrès élirait un nouveau président dans les 30 jours.