Ceux qui voient dans le président élu le produit d’une construction médiatique seront surpris. Emmanuel Macron ne s’estime pas du tout chouchouté ni même épargné par les médias. « Les médias me traitent la plupart du temps assez mal », a-t-il confié pendant sa campagne à l’émission Complément d’enquête, diffusé jeudi sur France 2. S’il a fait beaucoup de couvertures de magazines, c’est donc tout simplement parce qu’il fait vendre « comme une lessive, rien de plus », dit-il. Et sa chance, c’est que les gens ne lisent que très peu ces magazines. « Ils regardent les titres et les couvertures, c'est tout », ajoute-t-il.
Il est donc loin de se voir comme un proche, et encore moins comme un obligé des médias. D’ailleurs, il l’a dit, il ne sera pas « le copain des journalistes » pas plus qu’il ne serait l’ami de leurs patrons. Autrement dit, ce n’est pas parce que ses compagnons d’En Marche! Bernard Mourad et Didier Casas sont des anciens de SFR et de Bouygues qu’il se montrera attentif aux intérêts de leurs anciens médias respectifs, BFMTV et TF1.
Pourtant, les groupes audiovisuels privés espèrent une certaine libéralisation de la publicité, pour pouvoir bénéficier des annonces du cinéma, de l’édition et de la grande distribution. Emmanuel Macron veut simplifier les règles d’accès à la publicité, comme à la production d’ailleurs.
Il regardera aussi de près les sociétés audiovisuelles publiques, comme l’a confié son représentant Marc Schwartz. Il s’agit de rapprocher les différents groupes comme France Télévisions et Radio France, d’en finir avec « l’éparpillement des moyens », de réfléchir à des projets communs tout en retirant au Conseil supérieur de l’audiovisuel le pouvoir de nommer les patrons. Ce rôle sera dévolu à des conseils d’administration élargis à des chefs d’entreprise ou des personnalités européennes.
Macron veut aussi défendre l’indépendance éditoriale avec un système de fondations séparant l’actionnariat du pouvoir de gestion des médias. On ne retrouve donc pas chez lui de volonté d’empêcher la concentration en limitant la part de capital des industriels dans les médias.
Enfin, le nouveau chef d’Etat devra sans doute s’interroger sur la part de liberté éditoriale qui est laissée aux rédactions audiovisuelles en cas de manipulation sur les réseaux sociaux. On l’a vu la semaine dernière avec le pseudo compte aux Bahamas. Il était difficile d’évoquer cette affaire si l’on s’en tenait à une interprétation trop stricte de la période de réserve imposée par le code électoral le week-end du vote. Le risque est pourtant bien d’alimenter la défiance des Français.