Espagne: quand des groupes mafieux «séquestrent» des appartements

C’est un phénomène mafieux non chiffré, mais en pleine augmentation en Espagne. Des groupes occupent des appartements vides illégalement et y installent des locataires aux dépens des vrais propriétaires.

de notre correspondant à Madrid,

Le mécanisme est assez simple. Il existe d'ailleurs depuis une dizaine d’années, mais est en forte hausse. Concrètement, des groupes mafieux font un travail de recherche d’appartements vides, en vente, à louer, ou tout simplement maintenus vides par leurs propriétaires.

Ces mafias changent les serrures, arrangent quelque peu l’appartement, puis y mettent des squatteurs ou des occupants qui y trouvent leur intérêt. Lorsque les propriétaires s’en rendent compte et qu’ils cherchent à récupérer leurs biens, ces mêmes groupes exigent une rançon de l’ordre d’un millier d’euros contre le logement « séquestré ».

Madrid et Barcelone en tête

Les grandes villes sont sans surprise les plus visées, avec en tête Madrid et Barcelone, mais aussi le littoral méditerranéen ; partout en réalité où se trouvent de grandes proportions de logements vides.

Or, à la suite de la crise économique de 2008 et du krach immobilier qui s’en est suivi avec l’explosion de la bulle, une énorme quantité d’appartements et de maisons en lotissements sont demeurés vides en Espagne. On compte dans tout le pays environ 2,4 millions de logements vides, soit environ 15% du parc total, alors qu'en même temps, de nombreux Espagnols peinent à trouver un logement. 

Un phénomène lié indirectement aux expulsions

Au cours des manifestations des Indignés, les expulsions immobilières étaient au coeur de la grogne : des personnes dans l'incapacité de rembourser leur emprunt immobilier et expulsées par les huissiers, souvent de façon dramatique. Ces tragédies ont provoqué des levées de boucliers de la part des mouvements sociaux et pporté sur le devant de la scène de nouveaux leaders comme la maire de Barcelone, Ada Colau, issue des collectifs pour le droit au logement.

Un phénomène qui a indirectement un lien avec les « séquestrations » d'appartements. Car du fait de ces expulsions, les grandes banques ont récupéré des centaines de milliers de logements et cherchent désespérément à les vendre. Ce qui est très compliqué car les banques refusent de baisser vraiment les prix et pratiquent un système de mise aux enchères. En conséquence, beaucoup d’appartements se retrouvent vides alors que de nombreuses personnes cherchent à se loger sans le sou. Ces mafias servent alors en quelque sorte de « pont » entre les deux. 

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