L’Italie adopte un revenu d’insertion pour les plus défavorisés

L’Italie dont le taux de chômage stagne à 11,5% au niveau national et à plus de 37% chez les moins de 25 ans instaure un revenu d’insertion pour les citoyens les plus défavorisés. C’est une première dans ce pays de l’Union européenne, un des rares à ne pas disposer de système équivalent au revenu de solidarité active (RSA) français.

Le gouvernement de centre gauche vient donc d’adopter cette mesure d’aide, sous forme de revenu mensuel, mais tous les Italiens pauvres ne pourront pas tout de suite en bénéficier.

Pour le moment, les fonds disponibles étant limités à 2 milliards d’euros pour 2017, le revenu d’insertion ne pourra être versé qu’à 1,8 million de citoyens - dont 800 000 mineurs. Autrement dit : un peu moins de la moitié des Italiens les plus pauvres sont concernés. Les premiers bénéficiaires seront des familles avec enfants, des personnes handicapées, des femmes enceintes et des actifs de plus de 55 ans qui peinent à retrouver un emploi.

Cette allocation sera plafonnée à 485 euros par mois. Et elle sera soumise à certaines obligations. Par exemple, les chômeurs devront démontrer qu’ils sont à la recherche effective d’un emploi. Et les parents devront scolariser et faire vacciner leurs enfants.
En revanche, même les propriétaires de leur résidence principale sont éligibles à cette prestation sociale, si leurs ressources ne dépassent pas 3 000 euros par an, et par personne.

« Une mini goutte d'eau »

On sait que certains partis de l’opposition militent en faveur d’un revenu universel. Pour eux, ce revenu d’insertion est « une mini goutte d’eau dans l’océan des problèmes » et ils déplorent en chœur qu’il soit limité à moins de 2 millions de personnes.

Pour sa part, le Mouvement 5 étoiles qui, à ce jour, demeure en tête des intentions de vote pour les législatives de 2018, voudrait instaurer un revenu universel de 780 euros par mois, pour les personnes seules. Et de 1 480 euros pour les familles de 4 personnes. Mais, compte tenu de la dette publique qui atteint 132,8 % du PIB, c’est un peu du rêve. Vu qu’une telle mesure nécessiterait un budget de 14 milliards d’euros par an.

Du côté des syndicats et des associations caritatives, tous saluent « une mesure sans précédent » en Italie. Mais les syndicats relèvent qu’après la Grèce, l’Italie est le pays européen où la pauvreté ne cesse d’augmenter depuis 2008. Ils demandent donc plus d’efforts, pour couvrir dès 2018 les besoins minimums de tous les citoyens en situation de pauvreté. Et, évidemment pour relancer activement le marché du travail. Ce que les Italiens souhaitent, en premier lieu, c’est un emploi pour ne pas être poussés à l’émigration, comme le sont, chaque année, 100 000 jeunes en moyenne, depuis 2010.


Un pays en souffrance

Les derniers chiffres de l’Istat (Institut national de statistique), publiés en avril 2017, indiquent que :

► L’Italie compte 4 598 000 personnes en situation de pauvreté. Soit, 6,1% des familles résidentes.

► Un peu plus de 6 personnes sur 10, âgées de 20 à 64 ans ont un emploi.

Parmi elles : ■ on observe un net déséquilibre de genre : (71 % d’hommes contre 51,6% de femmes). ■ Un fossé entre les régions du centre-nord du pays et celles du sud toujours très large (69,4% contre 47%) ■ Taux de chômage chez les jeunes : 36% en moyenne, mais 51,7% dans le sud et même, 58,7% en Calabre (taux moyen UE : 17, 5%)

► Le PIB par habitant est inférieur de 4,5% par rapport à la moyenne des pays de l’UE. (ALN)

→ A (re) lire : Croissance plus faible que prévue pour l'Italie en 2016

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