Grèce: l'entreprise pharmaceutique Novartis dans le viseur du gouvernement

À Athènes, le gouvernement veut s’attaquer à la corruption dans le secteur de la santé. Il a notamment en ligne de mire l’entreprise pharmaceutique suisse Novartis. Mercredi 12 avril 2017, le Parlement grec a adopté par 187 voix sur 300 la création d’une commission d’enquête sur les actes de mauvaise gestion dans le secteur de la santé entre 1997 et 2014.

Cela fait un an que le groupe Novartis fait l’objet d’une enquête. Selon Stavros Kontonis, le ministre grec de la Justice, il s’agirait d’un scandale qui « surpasse » peut-être l’affaire Siemens, du nom de l’entreprise allemande victime d'un scandale dans son pays. Début avril de cette année, dans une interview à l’agence de presse grecque Ana, il a déclaré que l’entreprise pharmaceutique suisse avait probablement soudoyé « des milliers de médecins et de fonctionnaires pour promouvoir ses produits en Grèce ». Il a ajouté que ces soupçons concernent la période où les Grecs n'avaient pas de problèmes économiques, mais aussi celle qui a suivi le début de la crise.

Novartis a réagi

L'entreprise suisse a publié début janvier un communiqué où elle indique être « attachée à faire respecter les critères les plus exigeants en matière d’éthique et de conformité à la réglementation et prendre très au sérieux toutes les allégations de mauvaises pratiques ». L’affaire avait rebondi à cette époque après une tentative de suicide à Athènes d’un cadre grec de Novartis. Selon la presse, il faisait partie des personnes interrogées dans le cadre de cette affaire.

L'image du gouvernement grec entachée par plusieurs affaires

Le gouvernement est touché par l’affaire du Keelpno, le centre de contrôle et de prévention des maladies. Cette agence gouvernementale est soupçonnée d’avoir fait une utilisation très généreuse des fonds destinés à des campagnes de publicité. De façon générale, ces scandales éclatent alors que la situation est difficile. L’Association médicale panhellénique a déclaré début mars que le système de santé public est sur le point de « s’effondrer » avec des manques chroniques d'équipement et de personnel - estimés à 6 500 personnes - dans les hôpitaux publics.

Dans un discours au Parlement, toujours début mars, Alexis Tsipras a indiqué que, dans le secteur de la santé, un peu plus de 6 000 personnes ont déjà été recrutées dont un tiers sur des postes permanents; 3 600 autres attendaient de l’être à ce moment. Des recrutements qui ne régleront pas tous les problèmes alors que la mauvaise gestion et le clientélisme gangrènent depuis longtemps ce secteur.

Création d’une commission d’enquête sur la gestion dans la santé

Mercredi 12 avril, le Parlement grec a donc adopté par 187 voix sur 300 la création d’une commission d’enquête sur les actes de mauvaise gestion dans le secteur de la santé entre 1997 et 2014. La majorité parlementaire a choisi de se pencher sur cette période où les conservateurs de la Nouvelle démocratie et les socialistes du PASOK étaient au pouvoir. Partis qui sont aujourd’hui dans l’opposition.

Lors du vote au Parlement, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré que « pendant des années, les fonds publics ont été dilapidés au détriment de fonds de la sécurité sociale et au bénéfice d’intérêts puissants ». L’opposition a, elle, demandé que l’enquête s’étende également jusqu’à la période récente, c’est à dire jusqu'à après l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir début 2015, mais cette proposition n’est pas passée.

Partager :