Ces chiffres relatent de ce qu'il va se passer dans la zone euro d'ici 6 à 9 mois à travers une batterie d'indicateurs dits avancés, comme le carnet de commandes des entreprises ou les intentions d'achat des consommateurs. Les experts de l'OCDE sont donc en mesure d'annoncer que la croissance est là pour durer dans les 19 pays de l'euro.
Malgré l'incertitude qui pèse sur l'élection présidentielle française, les acteurs économiques sont donc confiants. Cela a de quoi surprendre puisque les marchés s'inquiètent d'une possible victoire de Marine Le Pen, la candidate de l'extrême droite hostile à l'euro. Mais l'optimisme des patrons ou des ménages n'est pas béat, il est alimenté par une nette amélioration de leur environnement économique. Un autre indicateur le confirme : l'indice PMI, qui nous renseigne sur l'humeur du secteur privé, a atteint en mars son plus haut niveau depuis six ans.
La demande interne est le principal moteur de cette dynamique de croissance
Les ménages et les entreprises accélèrent leurs achats pour éviter la hausse des prix au moment où le retour de l'inflation devient de plus en plus manifeste. Les taux d'intérêt toujours très bas soutiennent cette reprise de la consommation. Autre élément favorisant la demande : la fin de l'austérité. Ce n'est pas vraiment ressenti par les citoyens, mais c'est pourtant ce que constate Philippe Waechter.
D'après l'économiste de Natixis, les politiques budgétaires sont dorénavant neutres, elles ne freinent plus l'activité, avec des différences d'un pays à l'autre. L'Italie est encore en petite forme tandis que l'Espagne est sur le point de retrouver son niveau de richesse d'avant la crise. La décrue du chômage continue. Là encore avec des écarts encore importants d'un pays à l'autre, l'Allemagne a un chômage très faible de l'ordre de 4 % et la Grèce très élevé de l'ordre de 23 %. Mais partout la reprise est manifeste et solide.
Les multiples inconnues qui pèsent sur l'avenir de la construction européenne, le rejet de l'Europe n'ont-ils pas d'influence sur la bonne santé de la zone euro ?
Étant donné que les discussions sur le Brexit n'ont pas encore vraiment commencé, le divorce ne se manifeste pas encore par un ralentissement des flux commerciaux entre la zone euro et le Royaume-Uni. L'Union monétaire poursuit donc son bonhomme de chemin, une récupération entamée il y a 5 ans, à son rythme, c'est-à-dire assez lentement si on compare avec le rythme de la reprise américaine.
Si l'Amérique se referme, la zone euro va-t-elle en pâtir ?
Si l'Amérique de Donald Trump fait le choix du protectionnisme, cela aura des conséquences négatives sur le monde entier. Et l'économie de la zone euro, même portée par la demande interne, n'y échappera pas.
Avant de se préoccuper des risques externes sur lesquels ils ont peu de prise, les pays de la zone euro doivent d'abord surveiller de près ce qui est susceptible chez eux d'éteindre le moteur de la consommation. En l'occurrence, l'évolution des salaires. S'ils n'augmentent pas rapidement, le retour de l'inflation va bientôt écorner le pouvoir d'achat et remettre en cause cette belle trajectoire. La balle est donc dans le camp des patrons.