de notre correspondante à Rome,
Sur quels motifs se base la justice italienne pour barrer la route à plate-forme Uber ? La justice, et plus précisément le tribunal de Rome saisi par des associations de taxis- un lobby très aguerri en Italie, a pris cette décision en s’appuyant sur une loi de 1992 contre la concurrence déloyale. Selon le tribunal de Rome, il y a bien concurrence déloyale puisque les chauffeurs Uber ne sont pas tous des professionnels, ne paient pas les mêmes taxes que les taxis traditionnels et n’ont pas les mêmes astreintes qu’eux, en termes d’horaire de travail notamment.
Qui plus est, ils doivent évidemment leur succès à leurs tarifs moins onéreux que ceux des taxis traditionnels. Par exemple, pour se rendre du centre de Rome à l’aéroport de Fiumicino le forfait appliqué par les taxis est de 48 euro, alors qu’Uber demande 40 euros à ses clients.
Les sanctions encourues ?
Quelles sanctions encourent Uber et ses chauffeurs s’ils ne respectent pas la décision de justice ? Le jugement est assorti d'une astreinte de 10.000 euros par jour de retard pour Uber et de 100 euros par jour pour les chauffeurs, à compter du 17 avril. Mais les avocats de la société américaine ont fait savoir qu’ils feront appel de cette décision « fondée sur une vieille loi qui n’est plus le reflet de notre époque » hyper connectée.
Le gouvernement et le Parlement pourraient trancher en modifiant la loi de 1992 mais on n’en est pas là. En attendant, les chauffeurs de taxis traditionnels croisent les doigts pour que cette nouvelle décision de justice tienne la route. Car ce n’est pas le premier revers pour Uber en Italie. En 2015, le tribunal de Milan avait interdit ses services de transport Uber-POP, application qui met en relation des clients avec des chauffeurs non professionnels. Et ce jugement a été confirmé, le 22 mars 2017, par le tribunal civil de Turin.
Les taxis reprennent espoir
Les taxis exultent et feront tout pour que leurs droits soient respectés, avertissent-ils. Tandis que la célèbre multinationale a un très maigre lot de consolation : la justice ne touche pas à sa plate-forme de livraison « Uber EATS » qui permet de commander les plats de ses restaurants locaux favoris. Mais en Italie, l’application n’est déployée que dans la ville de Milan. Du moins pour le moment.