Le pétrole américain rejoint l’Asie, grâce à l’OPEP. Ce qui était inimaginable il y a encore quelques mois étant donné la concurrence des autres pétroles du Moyen-Orient ou de Russie, surabondants, plus proches et pas chers, est en train de se produire : au mois de décembre les Etats-Unis auront expédié près de 7 millions de barils de leur pétrole jusqu’en Asie.
Car l’OPEP et ses alliés du moment, dont la Russie, ont décidé de baisser leur offre d’1 million 800 mille barils par jour. Ils ont donc laissé un peu d’espace au pétrole américain concurrent. Surtout, les annonces successives du cartel ont fait bondir les cours à plus de 50 dollars le baril. Ce prix est suffisant aujourd’hui pour rentabiliser le transport du brut américain même s’il doit parcourir 30 000 km. Le géant britannique BP a donné l’exemple en expédiant à lui seul 3 millions de barils des Etats-Unis, selon Reuters. La compagnie a déployé une logistique commerciale et maritime extraordinaire pour contourner les problèmes portuaires au Texas, transborder le brut de tankers en supertankers qui ont longé l’Afrique par le cap de Bonne Espérance, puisqu’ils ne pouvaient pas passer par le canal du Panama, puis une fois en Malaisie le transborder à nouveau sur des tankers plus modestes pour distribuer le pétrole américain vers ses destinations finales, Thaïlande et Australie. Mais les grands clients chinois ont également affrété des tankers pour acheter du brut américain : Petrochina et Sinopec devraient recevoir leur cargaison d’ici la fin du mois.
Les décisions de l’OPEP sont donc une occasion inespérée pour l’industrie pétrolière américaine de soulager les stocks de plus en plus encombrants de brut aux Etats-Unis, quelques mois seulement après la fin d’un embargo de 40 ans sur les exportations américaines de pétrole.