C’est un peu le pari pétrolier mexicain. Ce troisième round d’appels d’offres du Mexique aux compagnies étrangères depuis la libéralisation de son industrie pétrolière, il y a deux ans, est le plus ambitieux parce qu’il s’agit non plus de champs terrestres, ou en eaux peu profondes, mais cette fois d’une quinzaine de champs en eaux très profondes. Ils nécessitent plus que jamais l’aide technique et les financements des compagnies privées étrangères.
La zone est très prometteuse : elle a la même géologie que le golfe du Mexique sous souveraineté des États-Unis, mais elle a été très peu sondée. La compagnie nationale mexicaine, Pemex n’en avait pas les moyens seuls. Elle est endettée à près de 100 milliards d’euros. Preuve de l’intérêt de la zone, les compagnies les plus puissantes sont sur les rangs : BP, Chevron, ExxonMobil, ENI, Lukoil, Shell, Statoil, Total, la Chinoise CNOOC, sont préqualifiées individuellement ou en consortium.
Des doutes qui subsistent
Mais le résultat des enchères est encore incertain, les autorités de Mexico proposent un montage inédit de coentreprise avec la compagnie nationale Pemex, notamment pour l’exploitation du joyau Trion, le plus prometteur. Or la compagnie mexicaine inquiète encore, malgré son engagement à réduire sa dette d’ici 2019 et malgré la révision à la baisse des exigences de garantie en capital demandées aux investisseurs étrangers. La création d’un organe de régulation saura-t-elle rassurer ?
Toujours est-il que ces enchères sont un test d’une importance majeure pour l’industrie pétrolière mexicaine : il s’agit d’enrayer le déclin de la production nationale, à son plus bas niveau depuis 1980, avec guère plus de deux millions de barils par jour. C’est aussi un enjeu économique, alors que les relations commerciales avec les États-Unis risquent de se tendre. Et un enjeu politique pour le chef d’État issu du PRI Enrique Peña Nieto, au plus bas dans les sondages, à quelques mois de la présidentielle de 2018.