D'après le site d'information Tchadinfos, cette journée ville morte, lancée par l'opposition démocratique et quelques associations de la société civile sur l'ensemble du territoire national, a été moyennement suivi à N'Djaména. Dans la matinée d'hier, précise le site, « beaucoup d'usagers vaquaient normalement, à leurs occupations, notamment dans les deux grands marchés de la ville. Les grands axes de la capitale étaient animés comme si de rien n'était même si beaucoup de fonctionnaires étaient en grève. »
A contrario, pour le site d'information Afrique-Centrale, cette journée ville morte a été « globalement bien suivie par la population, alors que la capitale du pays a fonctionné au ralenti toute la matinée. Certains marchés de la capitale étaient ouverts, mais de nombreuses boutiques ont baissé le rideau. Le trafic était pratiquement inexistant. Certaines écoles privées n'ont pas ouvert leurs portes - les écoles publiques étant déjà fermées en raison de la grève des enseignants. Crise économique, crise sociale, crise de gouvernance, pointe Afrique-Centrale : selon les partis d'opposition, regroupés au sein du Fonac et soutenu par certaines organisations de la société civile, le Tchad poursuit sa dangereuse fuite en avant. »
En effet, « l'appel de l'opposition suivient dans un contexte social explosif, relève le siteJeune Afrique, après les mesures d'austérité décidées fin août par le gouvernement quelques semaines après l'investiture d'Idriss Deby Itno à un cinquième mandat. Parmi ces décisions gouvernementales contestées, la suspension des bourses d'études ayant embrasé les universités, mais aussi les coupes drastiques dans les indemnités allouées aux agents de l'Etat. Des mesures qui ont provoqué la colère des fonctionnaires : depuis, note encore Jeune Afrique, les grèves se multiplient au sien des administrations, qui tournent pour certaines au ralenti. Certains tribunaux sont ainsi paralysés par les mouvements sociaux des magistrats. Quant à la rentrée scolaire, elle se fait toujours attendre dans les établissements publics du pays, où les élèves redoutent désormais une année blanche. »
Effet boomerang pour Idriss Deby
« Le miracle du désert tchadien est en train de se muer en un mirage », estime pour sa part Le Pays au Burkina. « Tout se passe comme si le président Idriss Deby, depuis sa réélection controversée, s’était mis des braises sur la tête. Et pour montrer la gravité de la situation, il a dû quitter précipitamment Marrakech, où il participait à la COP 22. Mais cette situation sociopolitique au Tchad n’est pas le résultat d’un mauvais sort lancé par les djinns du désert, relève le quotidien ouagalais. C’est plutôt le résultat de l’effet conjugué de circonstances qui sont, somme toute, rationnelles. D’abord, le pays subit de plein fouet la chute des prix du pétrole sur le marché mondial. (…) Ensuite, le pays paie le prix de ses campagnes militaires tant au Nord malien qu’au Nigeria ou en République centrafricaine. Dire que la guerre coûte cher serait un truisme, car la facture est d’autant plus salée pour le Trésor public tchadien que le régime en avait fait sa principale arme diplomatique sur le continent. »
Et Le Pays de conclure : « c’est donc l’effet boomerang pour Deby qui, au lendemain de son rêve hégémonique dans la bande sahélo- saharienne, se retrouve confronté au réveil d’une opinion interne qu’il avait mise sous sédatif par ses victoires militaires. »
Pour Ledjely.com en Guinée, « le président du Tchad ne mérite aucune indulgence. Tout au contraire, Deby ne récolte que ce qu’il a semé durant son long règne. Tenant le pouvoir d’une main de fer, il s’est obstinément opposé à l’émergence d’une opposition digne de nom. Quelques-uns de ses adversaires qui se sont autorisé une certaine témérité sont aujourd’hui portés disparus. Par ailleurs, pointe encore Ledjely.com, le président tchadien n’a pas su diversifier l’économie. Tant que le pétrole coulait, lui et ses affidés étaient tranquilles. Ne se préoccupant même pas de mettre en place un mécanisme de perception et de gestion rigoureuse et transparente des recettes tirées de l’exportation de l’or noir. Ainsi, la corruption, la prévarication, les détournements… y règnent en maîtres et la misère du populo côtoie le luxe insolent des dirigeants et de leurs entourages respectifs. Aussi, dès le premier couac lié à la chute des prix du baril de pétrole, le pays est au bord de la banqueroute. »