Un rapport d’Eurostat (l'office statistique de l'Union européenne) révèle que 7 Italiens sur 10 âgés de 18 à 34 ans vivent chez leurs parents, soit une augmentation de 2 %, en une seule année, et de 20 % en 20 ans. La moyenne européenne est elle de 48% et la moyenne française de 34%.
La première raison, c’est le manque de perspectives en termes d’emploi. Le taux de chômage chez les moins de 30 ans atteint actuellement près de 40 % en Italie alors que la moyenne européenne est de 22 %.
La réforme du travail Jobs Act, adoptée en 2014, ne donne pas les résultats espérés. Selon les statistiques de l’Institut national de prévoyance sociale, publiées à la mi octobre, il y a 31% de licenciements en plus et 33% d’embauche en moins.
Par ailleurs, les salaires sont très bas : moins de 1350 euros en moyenne, même pour des diplômés. Or les loyers en Italie sont élevés, surtout à Milan et Rome. Il faut compter 550 euros pour une chambre chez l’habitant. Et il n’a pas d’allocation logement directe.
Une difficulté croissante à s’affranchir de la famille ?
On constate également une réticence à couper le cordon ombilical. Selon une récente étude (de l'Université La Sapienza de Rome, en collaboration avec « Campus Orienta » les Salons de l’étudiant), plus de 80 % des 18-20 ans n’ont confiance dans les institutions ni dans les partis politiques. Leurs quatre principales figures de référence sont par ordre : la mamma, le père, le grand-père et Nelson Mandela. Donc plus l’incertitude augmente, plus les jeunes adultes - et parmi eux surtout des hommes- s’accrochent aux jupes et aux fourneaux de leur mère.
Et comme la famille italienne « type » se compose, aujourd’hui, de deux parents et d’un enfant unique, les parents n’ont pas trop hâte de voir s’émanciper leur progéniture. Mais, attention, les mammoni sortent beaucoup et voyagent. Ils passent le plus clair de leur temps hors du foyer parental. Et à l’intérieur, ils sont concentrés sur leur ordinateur, leur smartphone. Si bien que la famille échappe à la conflictualité autant qu’au dialogue.
La force protectrice de la famille comble les défaillances de l'Etat
Les relations parents-enfants majeurs sont immatures car les parents eux-mêmes n’ont pas été éduqués à devenir parents. Et donc les pères et les mères ont du mal à « pousser » leurs grands bébés de 20-25 voire 35 ans hors du nid douillet. Et quand, enfin, arrive le moment de la séparation, peu après, si ces grands bébés deviennent parents, à leur tour dans un cas sur deux (selon l’Institut national de statistiques Istat) les grands-parents deviennent baby-sitter à temps plein. La force protectrice familiale comble les défaillances de l’État aussi les jeunes ne se bousculent-ils pas pour revendiquer des politiques sociales et familiales qui favoriseraient leur autonomie. Des politiques qui permettraient de mieux combattre ce que l’on peut appeler « le syndrome de la famille-parking ».