En 2015, pour la troisième année consécutive, la production laitière a été officiellement de 30 millions de tonnes. D’après l’Union laitière russe, le déficit est de 8 millions de tonnes et pourrait atteindre 15 millions de tonnes en 2025, en raison de la diminution de la production chez les petits producteurs. Mais d’après l’Union nationale des producteurs de lait, un tiers des volumes seraient en papier, autrement dit fictifs, car la production des petits fermiers serait surévaluée.
La Russie ne produirait donc que 20 tonnes de lait cru par an. Et les importations en provenance des pays européens sont interdites. Les importations se limitent à 300 000 tonnes par an, dont la quasi-totalité provient de Biélorussie. Les Russes soupçonnent d’ailleurs ce pays de faciliter le contournement de l’embargo aux produits européens et ukrainiens.
De plus en plus de contrefaçon
Pour autant, la production de produit laitier a augmenté. Moins de lait, mais plus de fromages. Comment ce miracle peut-il avoir lieu ? Les consommateurs, mais aussi les autorités de contrôle, se sont rendu compte qu’il y a de plus en plus de contrefaçon. Les huiles végétales remplacent massivement le lait.
En 2015, les importations d’huile de palme ont augmenté de 25 %. On trouve donc de la margarine vendue pour du beurre, mais aussi du fromage blanc à la craie ou au savon, de la crème fraîche à la chaux ou à l’amidon... 10 à 15 % des produits laitiers seraient frelatés. Ce taux atteindrait 50 % pour certains produits.
Baisser les coûts
En 2016, les autorités ont même créé officiellement une nouvelle catégorie d’aliment appelée : « aliment contenant des produits laitiers ». Les taux d’intérêt élevés, la chute du rouble détourne les investisseurs du secteur laitier, où le retour sur investissement n’est pas immédiat. D’autant que la consommation de produits laitiers baisse à cause de la crise économique. Les Russes mangent ce qu’ils trouvent de moins cher.
Pour augmenter la production et faire baisser les coûts, les autorités comptent sur la génétique. Actuellement, les vaches russes produisent trois fois moins que leurs homologues américaines et deux fois moins que les Françaises. Mais il s’agit, là encore, d’un projet à long terme.