Les oranges égyptiennes vont-elles payer le rejet du blé russe par les autorités du Caire ? La menace de Moscou inquiète sérieusement l'Egypte : elle a décidé d'envoyer des négociateurs en Russie d'ici jeudi prochain, jour où la Russie doit confirmer ou non son embargo.
L'Egypte a vendu 400 000 tonnes d'oranges à la Russie pour 150 millions de dollars l'an dernier. Ses exportations devaient monter en puissance étant donné que la Russie a cessé d'importer des oranges de Turquie, brouillée avec Moscou.
Des normes sanitaires enfreintes selon la Russie
Mais les autorités russes ont estimé la semaine dernière que les fruits et légumes égyptiens enfreignaient trop souvent les normes sanitaires internationales. Une réponse évidente aux tracas causés au blé russe par les autorités égyptiennes.
Depuis un an, l'Egypte s'est mise à ergoter, c'est le cas de le dire, sur la qualité du blé, dont elle est le premier importateur mondial. Au mois d'août, le gouvernement du Caire a de nouveau bouleversé son cahier des charges et il impose aux cargaisons de blé importé une caractéristique impossible à mettre en oeuvre : zéro trace d'ergot.
L'ergot est un champignon, hallucinogène en grande quantité, mais inoffensif à 0,05 %, la norme internationale en vigueur. L'an dernier, des bateaux de blé français avaient été rejetés par l'Egypte sur ce motif. Cette année, il s'agit de cargaisons de blé roumain, américain et russe.
Quelle finalité pour l'Egypte ?
Du côté des négociants de céréales, on ne comprend pas l'attitude de l'Egypte, elle doit fatalement importer deux à trois fois plus de céréales qu'elle n'en produit. Certains imaginent que le gouvernement du Caire gagne du temps parce qu'il n'est plus en mesure de payer le blé importé. D'autres pensent que cette exigence sanitaire maximale n'est qu'une posture politique, destinée au consommateur égyptien, ou qu'il s'agit des conséquences d'une lutte brouillonne contre le détournement du blé importé pour le pain subventionné, par l'industrie agroalimentaire égyptienne.
Au bout du compte, l'Egypte pourrait y perdre beaucoup, plus personne ne voudra lui livrer du blé même avec une prime de risque. Et l'Egypte pourrait se voir privée du débouché russe pour ses oranges.