Officiellement, la modernisation de l’économie est une priorité de Kim Jong-un. Au même titre que la construction d’un arsenal nucléaire. Au mois de mai le dictateur nord-coréen annonçait un plan de développement pour les 5 prochaines années alors qu’une nouvelle vague de sanctions avait été adoptée par le Conseil de sécurité suite à l’essai mené en janvier.
Le produit intérieur brut a été estimé en 2015 à 1 224 dollars par tête, c’est-à-dire 22 fois moins qu’en Corée du Sud. Autant dire que la route est encore longue avant que la Corée du Nord ne devienne le géant économique appelé de ses vœux par le dictateur. Cet été, la Banque centrale sud-coréenne, considérée comme l’une des sources les plus fiables sur la réalité économique du voisin du Nord, a indiqué que l’économie nord-coréenne s’est fortement repliée en 2015. Son produit intérieur brut a reculé de plus de 1%. Il n’y avait pas eu de correction de cette ampleur depuis 2007. Ce ne sont pas les sanctions qui l’ont provoquée mais le ralentissement mondial de l’économie et en particulier de la Chine.
La Corée du Nord qui a choisi l’isolement demeure très sensible à l’extérieur ?
Surtout quand c’est la Chine qui tousse ; 80% de son commerce dépend de ce pays, son ultime soutien dans le monde. Le commerce extérieur de la Corée du Nord a chuté de 18% en un an. La nouvelle salve de sanctions a sans doute aggravé la situation. La ville chinoise de Dandong par où transitent les trois quarts des marchandises importées par la Corée du Nord a vu son activité nettement baisser au printemps. Certains grands projets chinois ont été stoppés nets. Le deuxième pont construit sur la rivière Yalu par les Chinois entre Dandong et la Corée du Nord n’est toujours pas en service. Et dans le Nord, côté chinois, le chantier des lignes à haute tension est aussi à l’arrêt. La Corée du Nord prévoyait d’importer de l’électricité pour résoudre en partie sa crise énergétique. Au niveau national seulement un foyer sur quatre est raccordé au réseau selon les Nations unies.
Quelles sont les autres solutions envisagées pour couvrir les besoins en électricité ?
La construction de centrales est un préalable, elle se heurte au problème de financement compliqué par les sanctions. L’argent des classes moyennes émergentes est une voie possible de financement, mais y recourir implique de renoncer au dogme de l’économie administrée, relate un économiste japonais qui s’est rendu sur place cet été. Parmi les solutions mises en œuvre figurent aussi les efforts pour économiser l’électricité. Des compteurs commencent à équiper les foyers de la capitale Pyongyang, l’une des rares villes où le courant est relativement disponible, même rationné. Au-delà d’un quota de base, il faut payer une prime pour dépenser plus et c’est même parfois indispensable pour avoir un téléphone portable.
Quels sont les résultats concrets des projets économiques de Kim Jong-un ?
Le bâtiment a été l’un des rares, voire le seul secteur à croître fortement en 2015, +5% avec les grands projets immobiliers en cours. Même si le crédit n’est pas disponible - non prévu par le système puisque le logement est un bien public - un marché immobilier est en train de se développer en Corée du Nord. Les acquisitions sont financées par le bas de laine ou par des créanciers atypiques : les nouveaux riches ou les intermédiaires chinois qui demeurent des partenaires incontournables à tous les échelons de l’économie nord-coréenne.