Présidentielle en France: les temps politique, médiatique et judiciaire

De la place de Nicolas Sarkozy et François Hollande dans les médias audiovisuels et de la difficulté à faire coïncider sans heurts le calendrier politique, le temps judiciaire et l’agenda médiatique.

Finalement, le numéro d’Envoyé spécial qui revient sur les dérives du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 sera bien diffusé le 29 septembre sur France 2, comme c’était prévu. Il s’en est fallu de peu pour que cette diffusion soit renvoyée à la fin de l’année, c’est-à-dire après les primaires de la droite. Selon le Canard enchaîné, Michel Field, le directeur de l’information, avait cédé aux pressions de Nicolas Sarkozy qui menaçait d’annuler sa participation à l’Emission politique, de David Pujadas et Léa Salamé, le 15 septembre. Il faut dire que ce numéro d’Envoyé spécial contient une interview de Franck Attal, un témoin clé de l’affaire Bygmalion, mis en examen pour les meetings de Sarkozy qu’il organisait lors de la campagne de 2012 et qui avait donné lieu à un système de fausses factures sur les dépenses de campagne. La Société des journalistes (SDJ) et Elise Lucet, la présentatrice, sont montés au créneau. La direction a d’abord accepté qu’un extrait soit diffusé aux 20 heures de jeudi, puis que la date de diffusion de l’enquête soit maintenue. L’avocat de Nicolas Sarkozy avait parlé d’une « manœuvre grossière » après le renvoi de son client devant le tribunal correctionnel dans l’affaire Bygmalion. Cette fois, c’est le tribunal médiatique qu’il lui faut affronter.

Pas facile, donc, de parler d’un ancien président mis en examen et candidat à des primaires en novembre. A l’Elysée, le mot d’ordre est de ne surtout pas se mêler du traitement médiatique de cet événement. François Hollande devrait se faire discret dans les médias pendant cette période avant de révéler sa probable candidature en décembre. D’ici là, on le verra en septembre pour une interview dans un magazine, en octobre pour une intervention dans un colloque sur la démocratie organisé par Claude Bartolone ou pour le centenaire de la naissance de François Mitterrand. Mais au fait s’agit-il du discours d’un chef d’Etat ou de celui d’un quasi candidat ? En août, le conseil constitutionnel a précisé en vue de l’élection de 2017 que les interventions du Président, « candidat déclaré ou présumé », ne sont pas pris en compte dans le calcul du temps de parole « lorsqu'elles relèvent de l'exercice de sa charge ». Etait-ce le cas jeudi de son discours à la fondation Jean Jaurès ? Assurément, selon l’Elysée, où l’on rappelle que le chef de l’Etat a parlé du terrorisme. Seulement, sur les réseaux sociaux, c’est bien le compte de François Hollande qui a été utilisé, et non celui du président de la République, pour mieux traduire, dit-t-on, un engagement personnel. Pas très régalien, en somme.

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