Nouveau rebondissement dans le feuilleton minier congolais : Gécamines, la société nationale qui gère les mines en RDC, veut racheter Tenke Fungurume, un gisement géant de cuivre et de cobalt du Katanga, dans le sud-est du pays.. Gécamines, déjà actionnaire à 20%, dit vouloir reprendre les 56% que le groupe américain Freeport veut absolument vendre pour alléger sa dette, (plus de 20 milliards de dollars), aggravée par la chute des cours du cuivre. Freeport a choisi de se séparer de Tenke Fungurume, parce qu’il est certain de trouver un acheteur : « C’est un joyau, une mine avec une teneur exceptionnelle », rappelle l’économiste Christian Hocquard.
Depuis mai dernier, Freeport a retenu l’offre de China Molybdenum, le groupe chinois est prêt à verser 2 milliards 600 millions de dollars en cash. Il s’agit de garantir l’approvisionnement en concentré de cuivre et surtout de cobalt, de la Chine, pour fabriquer toutes les batteries d’objets électroniques. L’arrangement prévoit d’ailleurs l’accès du groupe chinois à la raffinerie de cobalt finlandaise de Kokkola, qui traite le minerai de Freeport.
Mais coup de théâtre, Gécamines s’interpose entre Freeport et China Molybdenum. La compagnie congolaise estime que l’accord violerait son droit de préemption, et elle se porte candidate, comme l’a confirmé son président Albert Yuma, joint par RFI. « Si Gécamines a un véritable projet industriel en solo, elle devra le démontrer, estime l’expert des métaux Didier Julienne. Mais si les motivations sont politiques, il faudra nécessairement que Gécamines trouve un partenaire pour exploiter la mine.»
Le groupe canadien Lundin, également actionnaire, à 24%, du gisement congolais, pourrait sortir du bois, son délai de préemption a été retardé au 15 septembre. Un autre « chevalier blanc » pourrait se déclarer. A moins que l’Etat congolais qui contrôle Gécamines ne fasse monter les enchères auprès de l’acheteur chinois.
► Le président de Gécamines Albert Yuma sera le grand invité d’Eco d’Ici Eco d’Ailleurs sur rfi samedi prochain