On craignait des problèmes techniques, des erreurs de lancement dans les sujets qui mêlent des intervenants de France Télévisions, Radio France, France 24 et des images de l’INA… C’est finalement une télé qui tourne que l’on voit depuis jeudi sur le canal 27 de la TNT en France et sur Internet à l’adresse Francetvinfo.fr. Franceinfo, ce n’est donc plus seulement une radio, un site mais aussi une chaîne de télé ou plus exactement c’est tout cela à la fois, un media global, qui permet à travers son appli de basculer sur la radio, la télé en direct ou sur le fil social en lien avec les internautes.
Malgré la faiblesse de ses effectifs et son budget limité, malgré un calendrier de lancement serré, malgré l’hostilité des sociétés de journalistes, France Info a réussi son pari. « Moins de sensationnel, plus de sens », promet sa campagne d’affichage. Cela ne veut pas dire que la chaîne ne prête pas attention à la forme. Le studio au sein même de la rédaction, le jeu des présentateurs debout et mobiles, l’habillage, l’intervention des journalistes au travail depuis leur bureau, tout concoure à donner l’image d’une chaîne en phase avec les attentes du public, un public désireux de voir l’information en train de se faire, d’en apprécier les coulisses.
Alors bien sûr, ce positionnement, qui intègre de façon assez nette les fonctionnalités du web avec sa datavisualisation, ses images arrêtées et animées, vise à différencier la chaîne dans un univers qui en compte quatre avec BFMTV, iTélé – qui se rebaptise C News – et LCI, sans compter France 24 et I24. L’atout de France Info, c’est de mettre en avant l’explication, la pédagogie, le décryptage. « A quoi bon être le premier à savoir si on est le dernier à comprendre », dit sa campagne de publicité.
Un exemple avec le Gabon, où un sujet va assez loin sur le pouvoir d’Omar puis Ali Bongo, images d’archives de l’Ina à l’appui. A la fin, l’angle de vue est intraitable envers l’homme fort de Libreville. Une telle mise en perspective apporte un réel enrichissement par rapport à l’info brute. Une façon de se différencier par rapport au pouvoir parfois un peu hypnotique de BFMTV et d’iTélé, qui misent beaucoup sur un flux direct permanent. Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions à l’origine du projet, mais aussi le gouvernement ont considéré qu’il y avait urgence à proposer une alternative à des chaînes privées appartenant à Patrick Drahi, Vincent Bolloré ou Martin Bouygues. Pas question de revivre la mésaventure de 2002 où le projet d’une chaîne d’info publique avait été renvoyée aux calendes grecques après la victoire de la droite.