« Courage fuyons !, s’exclame Le Figaro. Depuis des mois, le Comité international olympique enchaîne les atermoiements, rechigne à suspendre la Russie malgré l’empilement de documentaires télévisés et de rapports officiels accablants. On a cru que le dernier en date, présenté lundi dernier par le Canadien Richard McLaren, mandaté par l’Agence mondiale antidopage, ferait enfin basculer la frileuse institution. L’expert y révélait un système de tricherie " ordonné, contrôlé et supervisé par l’État russe, avec l’assistance et la participation active du FSB (les services secrets) et le Centre de préparation des sportifs de haut niveau ". Résumé en une formule : " Un dopage d’État " avec, à sa tête, le sulfureux ministre des Sports russe Vitali Moutko. »
Eh bien, non, soupire Le Figaro, « pressions russes et intérêts financiers des sponsors ont fait leur œuvre. (…) Coup de théâtre hier dimanche sur les coups de 16 heures. L’agence de presse officielle russe était la première à révéler l’incroyable décision. Les quinze membres de la commission exécutive du CIO décidaient d’autoriser la Russie à disputer les Jeux de Rio. Tout en se défaussant sur les différentes fédérations internationales. Charge à elles de désigner, au cas par cas, les sportifs russes jugés " propres " selon une liste de critères stricts établie par le CIO. Entre autres, n’avoir jamais fait l’objet d’un contrôle positif ou ne pas avoir vu son nom figurer dans les rapports d’enquête indépendante. »
Résultat, conclut Le Figaro : « Il y aura bien des sportifs russes à Rio combien en restera-t-il sur les 387 inscrits au départ par le Comité olympique russe ? , mais les plus suspects ne terniront pas un peu plus l’image déjà bien écornée des Jeux olympiques. Il reste onze jours aux fédérations internationales pour faire le tri. Le grand ménage. »
Le Républicain Lorrain s’agace : « Le CIO, censé protéger les valeurs suprêmes du sport, apporte la preuve de sa connivence avec les impératifs d’une géopolitique malodorante. En se dérobant et en refusant d’exclure les sportifs russes des JO de Rio, en dépit d’un rapport indépendant accablant qui a révélé un " système de dopage d’Etat ", le CIO a plié lâchement devant Vladimir Poutine, dénonce le quotidien lorrain. Drapés dans la Charte olympique, ses membres sont restés fidèles à leur réputation d’alliés des régimes autoritaires. »
La Nouvelle République enchaîne, sur le mode humoristique. « Une nouvelle discipline olympique est née hier : le lancer de patate chaude avec sa variante indoor, l’épaulé-jeté de mistigri. La compète est verrouillée, l’épreuve des Jeux brésiliens inutile, le podium est réservé. La médaille d’or à vie revient au CIO, l’organisateur organisé. Après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. L’affaire tient dans le creux de la main, comme une poignée de gélules de perlimpinpin gobées dans les vestiaires. »
« Parions, soupire enfin Le Midi Libre, que sous le regard de Vladimir Poutine, dont l’ombre menaçante se fait sentir depuis plusieurs jours, parions que la délégation russe bombera le torse dans le stade olympique de Rio. Baisser pavillon avant de lutter ne figure pas dans l’ADN du leader du Kremlin. Une nouvelle fois, la Russie étale sa toute-puissance devant un monde incrédule. Incapable de faire respecter les lois en vigueur, la Russie nous montre sa mainmise sur la politique sportive internationale. On l’attend sur le terrain maintenant. »
Tour de France : « On s’emmerde ! »
A la Une également, le tour de France cycliste, avec « le règne de Froome » : c’est le grand titre de L’Equipe. « Le Britannique a remporté hier son troisième Tour de France en quatre ans. Sa large domination augure d’autres succès. Battra-t-il le record de cinq victoires ? », s’interroge le quotidien sportif. Ce qui est sûr, pointe encore L’Equipe, « c’est qu’il n’y a pas eu de match. Christopher Froome a dominé son troisième Tour sans suspense. Et Romain Bardet, à ses côtés sur le podium, a justifié à lui seul toutes les espérances françaises. »
Alors, « maintenant la première marche », s’exclame Le Parisien. « Oui, estime le journal, le coureur français, 25 ans, peut rêver d’une victoire sur le Tour. » Reste qu’on s’est un peu embêté à regarder ce Tour de France… Tout semblait joué d’avance et le spectacle n’a pas été toujours au rendez-vous. Alors, s’interroge Libération, « comment continuer à attirer plus de dix millions de personnes au bord des routes ? Comment garder devant leur écran de télé encore davantage de téléspectateurs ? Jean-René Bernaudeau, le patron de l’équipe Direct Energie, estime que le Tour fait face à deux défis : celui de la " crédibilité ", salement amochée après les années EPO, et celui de " l’attractivité ". Si le premier semble momentanément réglé, le second laisse à désirer. " On s’emmerde ! " dit même Bernaudeau. Pourtant, estime Libération, quelques pistes existent pour redynamiser l’événement. »
Voici ces pistes : « Jouer sur des terrains inédits », c’est-à-dire « sortir des schémas de course stéréotypés et reconduits quasiment chaque année ». Exemple : après « les polders néerlandais battus par le vent, les collines ardennaises, ou les pavés du nord de la France », pourquoi pas « les " ribinou " bretons ? Ces chemins de terre pourraient être une nouvelle découverte. La ville de Brest pourrait être candidate pour une étape du Tour riche en ribinou. »
Autres pistes avancées par Libération : « Réduire la taille des équipes » pour limiter la puissance des grosses écuries. Limiter aussi la technologie, avec, pourquoi pas, une interdiction des oreillettes. Augmenter les bonifications aux arrivées. Ou encore, pourquoi pas raboter la course à deux semaines, pour que les coureurs soient moins fatigués ? Mais là, les sponsors et les annonceurs ne seraient peut-être pas d’accord…