La fuite de huit militaires turcs en Grèce met Athènes sous pression

Les huit militaires turcs qui ont fui la Turquie samedi après le putsch raté ont été jugés et condamnés jeudi 21 juillet à deux mois de prison avec sursis pour « entrée illégale » sur le territoire grec. Ces derniers ont demandé l’asile. 

Il s'agit de deux commandants, quatre capitaines et deux sergents. Selon eux, ils étaient en train de transférer des blessés dans la région d'Istanbul quand leur hélicoptère a essuyé des tirs la nuit de la tentative du coup d’Etat. Ils ont dû atterrir dans un champ.

En regardant sur leur téléphone portable pour avoir des informations sur le putsch, ils en ont déduit que leur vie était en danger. Lors du procès, l'un d'eux a indiqué qu'ils « avaient eu peur des arrestations massives de militaires » et ils ont donc pris la décision de fuir. Ils disent avoir hésité entre la Bulgarie, la Roumanie ou la Grèce avant de se décider pour ce dernier pays. A la frontière, ils ont lancé un appel de détresse et ont ensuite été escortés par des avions militaires grecs jusqu'à Alexandroúpoli où ils ont été placés en détention provisoire.

Les militaires demandent l’asile

Le résultat de leur demande d’asile devrait être connu début août. D'ici là, les huit militaires attendent donc toujours détenus par la police d'Alexandroúpolis. Ces derniers veulent à tout prix éviter d'être renvoyés en Turquie. Et pour cause : dès leur fuite, Ankara a réclamé leur retour.

Dans une conférence de presse qui a eu lieu en début de semaine, l'ambassadeur de Turquie en Grèce, Kerim Uras a eu des mots fermes. Selon lui, il y aurait, « une grande possibilité qu'ils soient des terroristes cherchant à fuir la justice ». Le ministère des Affaires étrangères grec indique néanmoins que pour l'instant, aucune demande officielle d'extradition n'a été déposée.

Ioannis Androulakis, avocat spécialisé, explique que sans cette demande officielle, « on n’a toujours pas les éléments reprochés ». Il a précisé qu'il est en général « exceptionnel que la Grèce ne satisfasse pas les demandes d'extradition », même si selon lui, il s’agit d'un cas « inhabituel et extraordinaire ».

La Grèce dans une position difficile vis-à-vis de son voisin

La porte-parole du gouvernement, Olga Gerovassili, a annoncé que la Grèce respecterait les procédures internationales. Pour Ilia Marinaki, l'avocate de quatre des huit militaires, la décision de la Turquie de suspendre provisoirement la Convention européenne des droits de l'homme pourrait jouer en faveur de ses clients.

Mais la Grèce est sous pression. Mardi, l'ambassadeur de la Turquie en Grèce, Kerim Uras a indiqué que si les huit militaires turcs sont renvoyés rapidement « cela sera positif pour nos relations bilatérales. Sinon, cela n'aidera pas du tout ».

Pour Dimitris Keridis, professeur à l'université Pantéion, l'enjeu pour la Grèce c'est de ne pas froisser son grand voisin. Et pour cause : la Turquie tient les clefs de la crise migratoire. Depuis l'entrée en vigueur de l'accord Union européenne-Turquie en avril, réfugiés et migrants sont beaucoup moins nombreux à arriver sur les côtes grecques. Un enjeu d'autant plus important, selon ce spécialiste des relations gréco-turques, que désormais les frontières au nord du pays sont fermées et que ceux qui arrivent en Grèce sont bloqués.

 

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