La Turquie est un « Allié » important de l'Otan. La semaine dernière, le Premier ministre Binali Yildirim s'était rendu à Varsovie pour le sommet de l'Alliance, comme les autres chef d'Etat et de gouvernement de l'organisation.
La Turquie occupe une position stratégique, sur l'échiquier de l'Alliance. Le pays est en effet le gardien des frontières au Sud et à l'Est. Au contact avec les anciennes républiques soviétiques, il partage la mer Noire avec l'Ukraine, la Roumanie, La Bulgarie, la Géorgie, et verrouille l'accès aux bases russes de Crimée. Tous les navires qui vont soutenir aujourd'hui l'effort de guerre russe en Syrie, transitent par le Bosphore.
C'est aussi dans l'est de la Turquie que l'Otan a placé son radar d'alerte avancé, dans le cadre du bouclier antimissile. Une partie des raids américains contre le groupe Etat islamique en Syrie partent de Turquie, notamment de la base de l'Otan d'Incirlik. Enfin, les troupes turques ont joué un rôle important ces dernières années dans les missions de l'Otan dans les Balkans et en Afghanistan, parce que la Turquie est le pays musulman qui permet de dire que l'Otan n'est pas uniquement une alliance occidentale.
La Turquie est donc un pays-clé de l'Otan dans les conflits au Moyen-Orient. Reste à savoir si cette déstabilisation du pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan peut changer la donne en Syrie. Les Turques sont aujourd'hui les alliés des Occidentaux dans le combat contre Daech, tout en poursuivant la guerre contre les Kurdes, sur le territoire turc et aux frontières comme autour de Jarablous régulièrement bombardé par l'artillerie turc. D'un autre côté, la Turquie fait aussi monter la tension avec les Russes, lors de l'épisode du Sukhoi, l'avion abattu l'année dernière.