Les importations de produits pétroliers sont dopées par la contestation contre la loi Travail en France. Et ces importations de carburants empruntent de nouveaux circuits. Bientôt trois semaines que la moitié des raffineries françaises est quasiment à l'arrêt.
A cela s'ajoute la grève dans les grands ports pétroliers. A Marseille, une vingtaine de tankers attendent au large ; au Havre, ils ne peuvent toujours pas décharger sur le terminal de la Compagnie industrielle et maritime, la CIM, dont les salariés ont renouvelé leur grève ce mercredi. Les cadres réquisitionnés de la CIM se contentent de vider les stocks existants de brut et de produits raffinés pour alimenter la raffinerie d'ExxonMobil, mais aussi l'oléoduc qui rejoint la région parisienne.
La fonte des stocks stratégiques
Mais les cuves se vident. De source syndicale CGT, la CIM aurait arrêté ses pompages vers les aéroports allemands pour se recentrer sur l'Hexagone. Le recours aux stocks stratégiques a certes permis de reprendre un approvisionnement presque normal des stations-services, mais ces stocks sont en train de fondre, la France ayant besoin, même quand tout va bien, d'importer la moitié des produits raffinés qu'elle consomme.
C'est pourquoi le gouvernement a levé les contrôles douaniers sur les produits pétroliers pour faciliter leur entrée par tous les moyens. Ils arrivent par petits bateaux, voire des barges, importées par de petits opérateurs portuaires, comme la Société havraise de manutention de produits pétroliers (SHMPP). Les barges remontent ensuite la Seine jusqu'à Rouen ou Paris.
Un appel d'air pour le marché atlantique
Le carburant arrive aussi voie fluviale depuis le nord de l'Europe. Les raffineries d'Anvers, Amsterdam et Rotterdam envoient aussi des produits par l'oléoduc de l'OTAN. Le transport de carburants par camion est amplifié, y compris depuis les ports secondaires de Dunkerque, Saint-Nazaire, Bordeaux et Lorient.
La grève du raffinage en France est un véritable appel d'air pour le marché atlantique des produits raffinés : les prix rebondissent jusqu'aux Etats-Unis, qui fournissent plus de diesel à la France et qui manquent d'essence française.