Le prix de l’or est aussi fixé en Chine, depuis mardi 19 avril. Aux côtés du séculaire « fixing » de Londres et du contrat à terme de New York, il faudra désormais compter avec un nouveau prix de référence du métal précieux, celui de Shanghai. Publié deux fois par jour, comme son concurrent londonien, le prix chinois sera le fruit, à chaque session, de quelques minutes d’échanges entre 18 opérateurs, majoritairement des banques et des groupes miniers chinois. Pour donner une caution internationale à son prix de référence, la bourse de l’or de Shanghai, détenue par l’Etat, aurait un peu tordu le bras aux banques étrangères. Malgré les réticences qu’ont les établissements financiers à fixer le prix de l’or depuis les accusations de manipulation du “fixing” de Londres, deux banques étrangères ont accepté de participer au prix de Shanghai : la sud-africaine Standard Chartered et l’australienne ANZ, elles risquaient de ne plus être autorisées à commercer d’or en Chine.
Un marché devenu prépondérant pour le métal jaune : avec 985 tonnes, un quart de la demande mondiale, la Chine est le premier consommateur d’or au monde, devant l’Inde, mais également le premier producteur et le premier importateur de métal précieux. C’est pourquoi la Chine entend peser désormais sur la formation du prix de l’or et en monnaie chinoise, le yuan, pas en dollar – une nouvelle façon de s’affirmer face à la prépondérance du billet vert sur les matières premières. Deux cent cinquante-six yuan, quatre-vingt-douze le gramme d’or, c’est ce qu’a donné le premier “fixing” de Shanghai, à peu près l’équivalent de 1 235 dollars l’once. On n’est pas très loin des prix de Londres et de New York, mais l’écart pourrait se creuser avec le temps. De quoi permettre aux investisseurs chinois de jouer entre ces trois prix mondiaux et de s’appuyer sur le nouveau prix de l’or à Shanghai pour créer tout un tas de nouveaux outils financiers en Chine.