Des contrats bienvenus dans cette Algérie certes riche de son pétrole et de son gaz, mais plombée depuis deux ans par la chute des cours, 97 % des recettes d'exportation proviennent du pétrole et du gaz. Avec l'effondrement des cours du brut, cette manne a chuté de 70 % en deux ans. Mais les Algériens ont toujours autant besoin d'importer pour satisfaire la consommation interne.
Les Algériens achètent tout à l'étranger : le blé et le lait pour se nourrir, les voitures pour circuler, les médicaments, etc. La facture annuelle s'élève à 40 milliards de dollars. Or les réserves de change sont en train de fondre, elles sont maintenant inférieures à 150 milliards de dollars. Cela veut dire que l'Algérie a un répit de trois ans pour tenir et pour entreprendre les indispensables réformes pour relancer son économie explique Abderrahmane Mebtoul qui conseille le gouvernement algérien.
Le premier ministre Abdelmalek Sellal estime que l'Algérie a des atouts pour surmonter la crise
Premier atout : l'Etat est très peu endetté, ensuite il dispose d'une cagnotte bien garnie avec le Fonds de régulation des recettes alimenté par les revenus de la Sonatrach, la société nationale pétrolière.Par ailleurs, l'Algérie fait des efforts. Elle a commencé à réduire ses dépenses, en étant plus avisée dans ses importations et en diminuant les subventions publiques, notamment sur le carburant.
Mais pour sortir de cet Etat providence artificiellement entretenu par les pétrodollars, ce n'est pas seulement un régime minceur qui est nécessaire, mais un changement radical de modèle économique. Ce fond de régulation par exemple est très bien loti, mais l'argent ne travaille pas, il est gelé uniquement pour financer le déficit public en cas de baisse des revenus. C'est un exemple parmi d'autres de la paralysie des circuits officiels de l'économie.
Les banques n'ont pas à s'inquiéter de leur rentabilité, car elles aussi sont biberonnées aux pétrodollars. Elles évitent donc de prendre des risques en faisant du crédit à l'investissement et se contentent d'octroyer des prêts à court terme recherchés par les transactions commerciales. Leur frilosité explique partiellement l'hypertrophie de l'économie informelle. Selon les statistiques officielles, elle représente 45 % du produit intérieur brut du pays.
Quels sont les défis à relever pour le secteur pétrolier ?
Pour diversifier l'économie, et ainsi créer de l'emploi et de la valeur ajoutée à l'intérieur du pays, le développement de la pétrochimie est crucial, estime Francis Perrin. L'autre défi considérable à relever, c'est la satisfaction des besoins énergétiques domestiques. Car la consommation de pétrole, de gaz, et d'électricité est en plein boum. Pour répondre à cette demande croissante tout en préservant le juteux marché de l'exportation des hydrocarbures, il faudra donc augmenter la production. Les réserves disponibles le permettent.
Mais il faut aussi développer les énergies alternatives. La France est sur les rangs pour décrocher la construction d'une centrale nucléaire. Il y a par ailleurs pas mal de projets dans le solaire. Les Allemands ont déjà construit les centrales photovoltaïques, et surtout les Chinois, car la Chine est aujourd'hui le premier partenaire commercial de l'Algérie.