L’économie brésilienne sous tension

L'économie brésilienne est gravement secouée. Il est loin le temps où le pays pouvait se targuer d'une croissance à 7,5 %, en 2010. A la fin 2015, elle avait chuté de 3,8 %, le plus mauvais résultat depuis 25 ans. Le pays est entré en récession au deuxième trimestre 2015 et le FMI tire la sonnette d'alarme.

L'avenir n'a rien de radieux. 2016 ne devrait pas apporter d'embellie. Au contraire. Le gouvernement brésilien envisage un nouveau recul de son PIB de 2,9 % et une croissance nulle pour 2017. Même son de cloche du côté du FMI. L'institution dresse un tableau assez noir : si ses prévisions s'avèrent exactes, la sixième économie mondiale et première d’Amérique latine connaitra la pire récession depuis un siècle. Seul secteur qui échappe à la déroute : l'agriculture.

L'industrie est en fort recul, moins 6,7 % en un an, et le secteur du service, qui domine l'économie brésilienne, a reculé de 2,7 %. Le chômage a explosé, il a augmenté de 40 % en un an. Chaque semaine apporte son nouveau lot de suppressions d’emplois. Comme le montre le sidérurgiste Usiminas qui a dû procéder à des licenciements. Les faillites se sont multipliées et le géant General Motors envisage de revoir son plan d’investissement à la baisse.

Qu’est-il arrivé pour que le pays tombe si bas ?

Durant des années le Brésil a surfé sur la vague de l'argent facile généré par le boom des matières premières, dont son sol regorge. Mais la crise est passée par là, emportant avec elle la croissance chinoise. Victime du ralentissement de l'économie chinoise, le Brésil a subi de plein fouet la baisse du prix des matières premières, a vu ses exportations chuter et sa monnaie s'affaiblir. Le real a perdu 30 % de sa valeur face au dollar en une année.

Sur le plan interne, ce n'est pas mieux. A cause du niveau élevé de l'inflation, les salaires ont baissé et le crédit reste cher, du coup les ménages endettés ralentissent leurs consommations. Un handicap de plus pour le gouvernement car la consommation des ménages est le principal moteur de la croissance. Et puis il y a l'héritage Lula et le poids des programmes sociaux mené par l'ex président. Certes ils ont eu le mérite de sortir 30 millions de brésiliens de la pauvreté, mais ils ont couté très cher.

Une crise politique s’ajoute au contexte économique très dégradé sur fond de scandale de corruption.

Non seulement le pays souffre d'un déficit de compétitivité et d'une défiance des investisseurs, mais, en plus, il se retrouve embourbé dans un scandale de corruption et une crise politique subséquente. De quoi entamer le moral des Brésiliens. Un contexte qui paralyse l'exécutif et le freine dans la mise en place d'une politique de rigueur budgétaire que le nouveau ministre des finances, Nelson Barbosa, tente d'instaurer. Il espère regagner la crédibilité perdue par son pays mais l'exercice demeure délicat. Il vient d'annoncer des mesures impopulaires comme l'instauration d'un plafond des dépenses publiques, avec des coupes budgétaires de plus de 5 milliards d'euros et des hausses d'impôts. Mais aussi une réforme en profondeur des retraites : au Brésil il n'y a pas d’âge minimum pour partir à la retraite. 

Pression du FMI

Le Brésil n’a pas réussi à atteindre ses objectifs au cours des dernières années, ce qui a conduit les agences de notation à dégrader à plusieurs reprises la note de sa dette souveraine. Standard & Poor’s l'a passé à BB, soit deux niveaux au-dessous du seuil de « bon payeur ».

Et le marasme dans lequel se trouve le pays pourrait encore s'aggraver avec le resserrement monétaire de la Réserve Fédérale Américaine.

 

Partager :