Après des semaines de tractations, l'Arabie saoudite et la Russie ont accepté de coopérer pour tenter de redresser les prix du baril. Un geste rare, la dernière fois que le leader de l’OPEP et son grand concurrent hors de l'organisation s'étaient concertés, c'était en 2001, et Moscou s'était empressé de ne pas respecter sa promesse !
Cette fois, il ne s'agit pas de réduire la production, mais de la geler. Les deux géants pétroliers s'engagent à ne pas produire dans les mois qui viennent plus de barils qu'au mois de janvier.
Une production proche des records
Le problème, si cette promesse est tenue, c'est que leur production était proche des records le mois dernier : 10,88 millions de barils (d'après Reuters), c'est plus que la Russie n'en a jamais produit depuis la fin de l'Union soviétique ; 10,2 millions de barils pour l'Arabie saoudite, on n'est pas loin de son record historique du mois d'août.
Un statu quo à un tel niveau d'offre pétrolière n'est pas de nature à véritablement dégonfler les stocks mondiaux qui sont pléthoriques : la demande de pétrole n'augmente pas suffisamment, on produit 2 millions de barils par jour de trop.
La situation des autres pays membres de l'OPEP
Autre question : que vont faire les autres États membres de l'OPEP ? L'accord russo-saoudien a été conclu avec le soutien du Venezuela et du Qatar, qui hébergeait la réunion, mais en dehors du cadre de l'OPEP. Depuis, l'Irak s'est dit prêt à collaborer en gelant lui aussi sa production, mais la production irakienne est également à un niveau historique, près de 4,8 millions de barils par jours (Kurdistan irakien inclus) - mais Bagdad doit financer la guerre contre l'organisation État islamique.
Quant à l'Iran, pas question qu'il renonce à augmenter sa production, un peu moins de 3 millions de barils par jour aujourd'hui, tant qu'elle n'aura pas retrouvé son niveau d'avant les sanctions.
C'est pourquoi ce mardi, le rebond des cours au-dessus de 35 dollars fut de courte durée. Il faudra attendre l'été pour voir moins de pétrole sur le marché mondial : lorsque l'Arabie saoudite, contrainte par sa promesse de geler sa production, devra en consommer plus pour ses climatiseurs, et donc en exportera moins.