Le Brexit, une plaie pour l’Union européenne

Les Vingt-Huit négocient intensément cette semaine pour maintenir le Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. David Cameron espère un accord au sommet prévu jeudi 18 février à Bruxelles. Ses partenaires aussi, car l’Union a plus à perdre qu’à gagner dans le Brexit.

L'institut londonien Capital Economics a mis les pieds dans le plat en insistant lourdement sur les dommages significatifs que le Brexit infligerait aux autres membres de l'Union européenne. Depuis que David Cameron a proposé un référendum sur la question, une bonne partie du débat tourne autour des pertes et profits d'une sortie de l'Union du côté britannique.

Pourtant, si toutes les capitales européennes se mobilisent pour empêcher ce scénario, c'est d'abord parce que l'Union a bien trop à perdre dans un tel cataclysme. Des pertes en termes de ressources : le Royaume-Uni est le deuxième contributeur net au budget de l'Union. Et des pertes substantielles en termes de poids économique : du jour au lendemain, le produit intérieur brut de l'Union serait allégé de 15 %. Une cure dont on ne sort pas impunément.

La relocalisation d'entreprises britanniques vers le continent sera pourtant bénéfique au pays d'accueil

Ce transfert concerne surtout le secteur financier. Lundi 15 février, la Banque HSBC a fait sensation en annonçant qu'elle déplacerait un millier de collaborateurs à Paris en cas de Brexit tout en conservant son siège à Londres. Francfort, Amsterdam et surtout Dublin pourraient aussi profiter de ces délocalisations. C'est un avantage pour les villes d'accueil, mais le coût sera en partie supporté par les banques du continent. Car elles ont des intérêts importants dans les banques britanniques.

Étant donné l'imbrication actuelle de La City et de la zone euro, le découplage du système financier est aussi un vrai casse-tête des deux côtés de la Manche. Cela augmente l'incertitude et la peur du Brexit de part et d'autre de la Manche.

L'Irlande s'interroge aussi sur ses échanges commerciaux en cas de Brexit

Son commerce chuterait de 20 %, selon une étude publiée en novembre dernier. C'est sans doute le pays qui a le plus à perdre dans le divorce. Les entreprises locales seraient les plus affectées par le rétablissement de barrières douanières. L'Irlande s'inquiète aussi des conséquences pour son approvisionnement énergétique. Pour ses importations de gaz entièrement dépendantes du Royaume-Uni et pour son accès au marché européen de l'électricité via le réseau britannique. Construire une connexion avec la France lui coûterait dix milliards d'euros.

Enfin, l'Irlande redoute les conséquences sur le marché de l'emploi. La libre circulation a permis d'éponger une partie du chômage. Beaucoup d'Irlandais sont partis tenter leur chance au Royaume-Uni, cela a fait baisser le chômage, mais aussi la pression sur les salaires. Si les contrôles aux frontières se durcissent, cette variable d'ajustement pourrait très vite disparaitre.

L'ensemble des pays de l'Union européenne s'inquiète aussi des conséquences migratoires du Brexit

Le contrôle des migrants est l'un des grands enjeux du Brexit. Les plus ardents défenseurs d'une sortie de l'Union voudraient instaurer un système d'immigration choisie. Ce qui implique que les candidats malheureux pourraient se replier sur une autre destination européenne.

L'Union déjà incapable de gérer la crise migratoire sur son flanc Est pourrait voir la situation se compliquer davantage sur son flanc Ouest. Un fardeau supplémentaire pour des économies encore fragiles, à l'exception de l'Allemagne. L'addition du Brexit est salée côté européen. Sans parler de la nuisance en termes d'image et d'influence. Quel crédit va-t-on accorder à un bâtiment en construction si ses occupants le quittent avant la fin du chantier ?

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