Avec notre envoyé spécial à Strasbourg, Tudor Tepeneag
Pour le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et pour la plupart des députés européens, permettre au Royaume-Uni de rester dans l’Union est quelque chose d’important et qui vaut bien quelques sacrifices.
Le chef de la Commission a présenté la proposition faite par le président du Conseil européen, Donald Tusk à David Cameron. Jean-Claude Juncker estime que les termes de celle-ci sont équilibrés, et permettent de limiter le niveau d’intégration européenne pour Londres. A contrario, cet accord n'empêche pas les autres membres de l’Union, notamment ceux de la zone euro, d’approfondir leur coopération.
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Manfred Weber, le chef du principal groupe parlementaire européen, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), a parlé du compromis nécessaire entre le principe de libre circulation dans l’Union et le souhait de Londres de couper les aides sociales pour les travailleurs migrants venus des autres pays européens.
Soutenue par la plupart des autres groupes parlementaires, la proposition de Donald Tusk a été en revanche critiquée par les groupes nationalistes à l’instar du Britannique Nigel Farage, le chef de Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip). De son côté, la Française Marine Le Pen du Front national a comparé l’Union européenne à « une camisole » dont les Britanniques voudraient sortir.
■ Les journaux britanniques ne se montrent guère impressionnés
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
« L'accord européen de Cameron est une blague », peut-on lire en Une du Daily Express. Pour le tabloïd, l'accord signifie que « Londres n'aura pas le contrôle de ses frontières, que les migrants continueront à toucher des allocations et que Bruxelles fera toujours la pluie et le beau temps. »
Dans la même veine, le Sun parle de « farce » et accuse le Premier ministre d'essayer de faire croire aux Britanniques qu'il a obtenu tout ce qu'il voulait.
Le Daily Mail parle d'ailleurs de « la grande illusion » et l'adjectif « édulcoré » revient souvent sous la plume des commentateurs, ce qui fait dire au Telegraph que David Cameron pourrait être confronté à la révolte publique de plusieurs de ses ministres, furieux que l'accord proposé soit bien en deçà des réformes drastiques promises aux Britanniques.
Le journal The Guardian se veut pourtant rassurant et croit savoir qu'un des poids lourds du gouvernement, la très eurosceptique ministre de l'Intérieur Theresa May, accepterait finalement de faire campagne pour un maintien dans l'Union.
Le Financial Times prévient néanmoins que David Cameron devra mener une vraie bataille auprès des eurosceptiques de son propre camp et une offensive de charme auprès des autres pays membres européens pas forcément ravis par ces propositions.