Pétrole: la stratégie saoudienne se heurte à l'indiscipline de l'Opep

L’Arabie saoudite a perdu sa course aux parts de marché au profit de… l’Irak, également membre de l’Opep.

 

La stratégie pétrolière saoudienne se heurte à l'indiscipline au sein de l'Opep. Riyad s’était lancée dans une course aux parts de marché pour tuer les pétroles concurrents, en particulier les pétroles de schiste des États-Unis, plus coûteux à produire que le sien. Mais l’Arabie saoudite s’est fait doubler par un autre membre de l’Opep : l’Irak.

L’Irak, exempté de quota national après la chute de Saddam Hussein, parce qu’il devait reconstruire une industrie pétrolière en lambeaux, a redoublé d'agressivité commerciale lorsque l'Arabie saoudite a sifflé le départ de la course aux débouchés. Et c'est l'Irak qui a gagné, raflant par des rabais et par ses capacités de production, des clients européens et chinois à l'Arabie saoudite.

L’Arabie saoudite prétend avoir augmenté sa part du marché mondial. C'est impossible, estime Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. Si l'on examine précisément les statistiques, les exportations saoudiennes de pétrole publiées par les douanes de la monarchie ne correspondent pas aux importations mondiales de brut saoudien. Où sont donc les barils saoudiens perdus ? s'interroge ironiquement l'analyste.

L'objectif atteint de l'Arabie saoudite

L'Arabie saoudite a certes atteint son objectif qui était de décourager les pétroles de schiste américain. Aux États-Unis, la diminution des forages va enfin se traduire par une baisse de la production pétrolière américaine en 2016 (environ -500 000 barils par jour, estiment l'Agence internationale de l'Énergie et l’Opep, dans leur dernier rapport). Et au passage, la Russie est affaiblie, c'est le grand concurrent de l'Arabie saoudite en Asie désormais. Mais ces objectifs auraient pu être atteints à 50 dollars le baril.

On est aujourd'hui à moins de 30 dollars le baril, à cause de cette concurrence effrénée entre gros producteurs de l’Opep : Arabie saoudite, Irak et désormais Iran. Ce qui est en train d’asphyxier lentement les champions de l’organisation, après avoir étranglé les pays de l'Opep qui avaient les réserves, pétrolières ou financières, les moins solides.

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