Les industriels européens de l'acier s'opposent à l'octroi du statut d'économie de marché à la Chine. Un statut qui, d'après eux, signerait l'arrêt de mort de la sidérurgie européenne, la deuxième au monde, derrière la Chine. Les fermetures d'aciéries et les licenciements se multiplient déjà en Europe, inondée d'acier chinois à bas coût. Du dumping, estiment les industriels relayés désormais par leur gouvernement.
Sept ministres de l'Économie, dont l'Allemagne et le Royaume-Uni, de plus en plus touchés, ont envoyé une lettre commune à la Commission de Bruxelles, lundi 8 février 2016 pour qu'elle utilise « tous les moyens pour lutter contre ce commerce déloyal » ; en substance : que l'Europe accélère les procédures et l'application des sanctions commerciales quand il est prouvé que la Chine vend son acier à perte en Europe.
La Chine engagée à supprimer 150 millions de tonnes d'acier sur 5 ans
La commissaire européenne au Commerce a déjà demandé à la Chine de diminuer ses surcapacités de production d'acier, qui se montent à 350 millions de tonnes. Pékin s'est engagé à en supprimer 150 millions de tonnes sur 5 ans. « Trop lent », estime le patron d'ArcelorMittal.
Mais le véritable cauchemar de l'industrie européenne de l'acier, c'est qu'à la fin de l'année, la Chine se voit attribuer le statut d'économie de marché, quinze ans après son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce. Cela reviendrait à un « permis illimité de dumping », estime l'alliance industrielle Aegis Europe.
Les craintes d'Aegis Europe
Il est vrai qu'appliquer des droits de douane pour pratiques déloyales contre les entreprises chinoises serait quasi-impossible. Aegis Europe chiffre à 228 milliards d'euros les pertes que ce statut donné à la Chine occasionnerait à l'industrie européenne, jusqu'à 3,5 millions de suppressions d'emplois. Les industries de l'acier, mais aussi de la céramique, du verre, de l'aluminium seraient les plus menacées. Une marche est prévue le 15 février à Bruxelles.
Mais il n'est pas sûr que la Commission européenne imite les États-Unis et refuse le statut d'économie de marché à la Chine : l'exécutif européen compte sur la Chine pour l'aider à financer un plan d'investissement européen de 300 milliards d'euros dans le numérique, le « plan Juncker ».