Suspense au carnaval portugais

Le carnaval portugais n’est certainement pas aussi célèbre que celui de Rio de Janeiro au Brésil, mais au Portugal la tradition est bien vivante. Cette année encore, le pont du carnaval a fait l’objet d’un suspense. 

Il a fallu attendre le dernier moment ou presque pour savoir si le pays allait bénéficier du pont lors du carnaval. En conseil des ministres, le jeudi 4 février, la décision a finalement été prise de l’accorder, sur proposition du Premier ministre. Car le carnaval n’est pas un jour férié, mais il est toléré, comme au Moyen-Âge, où les princes donnaient le signal des bombances.

Ces dernières années, au Portugal, la crise a fortement menacé le carnaval. En 2012, le Premier ministre précédent, Pedro Passos Coelho, n’avait pas accordé la fameuse tolérance pour fêter le mardi gras. Il venait même de supprimer 4 jours fériés – 2 laïcs et 2 religieux –, pour relancer la production dans son pays. Le chef du gouvernement avait alors estimé que personne ne comprendrait que l’on autorise la fête de carnaval, présentant ainsi des arguments rationnels. Le président de la République sortant a lui aussi, par le passé, tenter de faire oublier le carnaval. Sans succès. Le peuple a fait de la résistance, les mairies ayant toujours maintenu la tradition.

Le gouvernement socialiste au pouvoir depuis novembre dernier a ensuite pris comme première mesure de restaurer les 4 jours fériés. C’était une décision très symbolique prise par le Premire ministre Antonio Costa. Deux de ces jours sont des fêtes catholiques et dépendent donc d’une décision de l’Eglise, qui est tout à fait en faveur de leur réintroduction.

Un bon retour sur investissement

L’actuel chef du gouvernement a fait durer un peu le suspens à propos du carnaval, mais personne ne doutait qu’il serait autorisé. Car on ne dispose pas d’éléments concrets pour mesurer l’impact économique du travail durant les jours fériés. En revanche, la fête du carnaval est une aubaine pour la cinquantaine de villes qui en organisent une dans le pays. Par exemple, la ville de Loures, en banlieue de Lisbonne, où la tradition est très forte, a dépensé 180 000 euros. Mais la mairie attend 100 000 personnes pendant le weekend et le pont de carnaval. De quoi espérer un bon retour sur investissement.

Dans certaines villes, le carnaval portugais a tendance à vouloir répliquer, en version miniature, le sambodrome de Rio de Janeiro, alors qu’il fait rarement assez chaud pour être en tenue légère. Mais le carnaval, c’est d’abord et partout la fête des enfants. Ils se déguisent et défilent même dans les écoles le vendredi avant le grand week-end.

Plus traditionnellement, les villes carnavalesques mettent l’accent sur les chars allégoriques. A Loulé, en Algarve, au sud du pays, ville célèbre pour son carnaval, pas moins de 14 chars et de 700 figurants vont défiler. Loulé a décidé de mettre en vedette l’ancien Premier ministre sous les traits d’un pirate pour, dit-on, figurer son naufrage politique. Personne ne peut le prendre mal puisque c’est le carnaval, c’est la fête. Comme on dit au Portugal, la vie dure deux jours mais le carnaval trois.

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