Christine Lagarde candidate à sa succession au FMI

Christine Lagarde brigue un second mandat à la tête du FMI, elle s'est déclarée ce vendredi 22 janvier depuis le forum de Davos.

Cette habituée du forum ne pouvait rêver d'une meilleure rampe de lancement. Les dirigeants de passage à Davos ont tous rivalisé de compliments à son égard. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble, le Britannique George Osborne sont élogieux et soutiennent sa candidature. Leur homologue américain Jack Lew espère continuer à travailler avec elle, tout comme les Chinois. La France évidemment soutient sa candidate. Même les Mexicains, qui avaient pourtant un candidat contre elle en 2011, sont favorables au renouvellement de son mandat.

Arrivée à la tête du Fonds après le départ calamiteux de Dominique Strauss-Kahn, l'ancienne ministre de l'Économie de Nicolas Sarkozy a réussi en 5 ans à faire l'unanimité sur son nom. Avec un style : plus consensuel, plus collectif que son prédécesseur. Et avec une gestion très politique des sensibilités de chacun.

Dans le dossier grec, par exemple, Christine Lagarde a fait preuve de fermeté à l'égard d'Athènes comme de Bruxelles

Le Fonds sous la direction de Dominique Strauss-Kahn s'était beaucoup engagé dans la crise grecque en fournissant à Athènes un programme de soutien d'une ampleur inédite, comme jamais aucun des États membres n'avait bénéficié dans le passé. Christine Lagarde a rompu avec cette compassion inhabituelle. D'une part en menaçant les Européens de retirer le soutien du FMI s'ils n'acceptaient pas ses conditions, et d'autre part en préconisant une restructuration de la dette grecque, ce dont Angela Merkel ne voulait pas entendre parler.

En revanche, sa clémence avec l'Ukraine a fait bondir Moscou et remis en cause sa réputation d'indépendance. Le FMI, qui se refuse à aider un État qui a fait défaut vis-à-vis d'un autre, l'a fait pour Kiev alors que la dette ukrainienne à l'égard de Moscou n'avait pas été honorée. Pour cela le FMI a revu ses règles internes.

Christine Lagarde a par ailleurs été réceptive aux attentes de la Chine

En novembre dernier, le yuan a été intégréau panier de devises alimentant les Droits de tirage spéciaux (DTS), c'est-à-dire la réserve complémentaire du FMI. Ainsi Christine Lagarde a sans doute gagné les faveurs de Pékin. Mais c'est aussi un moyen de redonner du poids et de la consistance à une institution perçue par les émergents comme le gendarme financier des Occidentaux.

Pragmatique, au moment de la crise d'Ebola, elle allège de 100 millions de dollars la dette du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée pour les aider à surmonter l'épidémie et les appelle à augmenter leurs dépenses de santé. Elle a ainsi mis entre parenthèses l'orthodoxie budgétaire qui a fait la fort mauvaise réputation du Fonds en Afrique.

Ses ennuis avec la justice française compliquent-ils son renouvellement à son poste ?

Christine Lagarde pourrait être poursuivie pour avoir fait preuve de négligence dans l'arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie dans la vente d'Adidas par le Crédit Lyonnais. C'est à la justice et au Parlement français d'en décider.

À Washington, elle a reçu le soutien du conseil d'administration du FMI quand la procédure a été rendue publique. Et étant donné le soutien quasi unanime qu'elle a reçu ces derniers jours, cela ne semble pas constituer un obstacle sur la voie de sa reconduction. Même les pays émergents pressés d'obtenir ce poste historiquement réservé à un Européen n'auraient pas de candidat sérieux à lui opposer.

Partager :