Cette année, les entreprises qui vivent du pétrole ont vécu la baisse des cours du brut comme un mauvais moment à passer. Les coûts ont été réduits, des projets mis en veilleuse. Mais la perspective de voir les prix stagner à marée basse en 2016 pose aujourd'hui la question de la survie à nombre d'entre elles.
L'agence Fitch s'attend à 11 % de faillite dans le secteur pétrolier en 2016, c'est-à-dire plus qu'en 2009, l'année où les marchés pétroliers ont été noyés par la crise financière. Les compagnies pétrolières de taille moyenne, n'ayant pas les moyens de diversifier leur activité sont les plus fragiles.
Les entreprises du parapétrolier sont aussi en très mauvaise position. Elles ont baissé leurs prix au maximum cette année, jusqu'à 40 % dans le Golfe du Mexique et ne peuvent pas aller au-delà. 250 000 emplois ont été supprimés dans le secteur en 2015 et cela pourrait être encore pire en 2016.
Les dégâts dépassent le secteur pétrolier
Dans les pays producteurs, c'est toute l'économie qui est en souffrance. Les torrents de pétrodollars qui alimentent les caisses publiques s'amenuisent et obligent les Etats à diminuer drastiquement leurs dépenses. L'Arabie Saoudite a donné le ton dans la région du Golfe en annonçant lundi un programme d'austérité.
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Les Emirats arabes unis devraient suivre, car ils connaissent aussi des déficits record. D'où les inquiétudes du secteur du bâtiment par exemple, qui attire beaucoup les entreprises et la main-d'œuvre étrangère. A Dubaï les prix de l'immobilier ont déjà reculé et on s'attend à une mise en sommeil de multiples projets.
Hausse à la pompe dans les pays producteurs
Paradoxalement, cette baisse des prix du baril se traduit par une hausse à la pompe dans les pays producteurs. Voyant leurs revenus baisser, les Etats compensent en supprimant en partie les subventions à l'énergie. Les Emirats arabes unis ont libéralisé le prix de l'essence et du diesel depuis l'été.
Pour éviter de pénaliser les particuliers le Koweït a également limité la mesure au diesel et au kérosène, les carburants les plus employés dans les transports. Riyad a aussi augmenté les prix à la pompe depuis hier. Le Nigeria va suivre à partir du premier janvier. En Algérie les taxes augmentent de 15% mais l'essence restera très bon marché, environ 22 centimes le litre.
Les pays importateurs tirent leurs bénéfices
En ce moment en France, le gazole est vendu moins de un euro à la pompe, c'est un beau cadeau de Noël pour ceux qui s'apprêtent à rouler pour le Nouvel An, mais il sera de courte durée, puisque de nouvelles taxes vont faire remonter les prix à partir du premier janvier. Néanmoins, les ménages comme les entreprises ont déjà bien profité de la baisse des cours. 20 milliards d'euros leur ont été rendus en 2015. Les entreprises ont reconstitué leurs marges, les transporteurs et les compagnies aériennes sont les grands gagnants.
Et les particuliers ont retrouvé du pouvoir d'achat. Dans la zone euro, c'est essentiellement la baisse du pétrole qui a alimenté le rebond de la croissance. En France aussi. Mais le redémarrage en trombe espéré en 2015 n'a pas eu lieu, la reprise, demeure timorée, surtout en Europe. Quant à la balance commerciale elle se rééquilibre avec la baisse de la facture pétrolière mais les exportations pourraient souffrir en 2016 avec la baisse prévue de la demande des pays pétroliers.
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