Le mécontentement social explose en Chine

En Chine le ralentissement chinois fait de plus en plus de mécontents parmi les salariés. Le nombre de conflits sociaux a explosé cette année.

Novembre aura été de loin le mois le plus chaud de l'année avec 300 grèves ou incidents répertoriés par le China Labour Bulletin, publié par une organisation de défense des travailleurs chinois basée à Hong Kong. Selon la même source, 2300 conflits sociaux ont éclaté cette année en Chine continentale, presque deux fois plus qu’en 2014 (1200 évènements répertoriés sur la même période).

Il y a quelques années, les ouvriers chinois manifestaient pour avoir des augmentations ou de meilleures conditions de travail. Maintenant c'est pour réclamer leur dû, des arriérés de salaires, surtout quand les usines ferment sans prévenir.

Les heurts les plus fréquents interviennent dans la construction, l'industrie et les mines

C'est-à-dire dans les secteurs les plus affectés par la décélération d'une économie en train de se convertir vers les activités de services. Mais les nouveaux postes créés sont moins nombreux et requièrent des compétences différentes. Les conflits éclatent souvent à cause du vide juridique, il n'existe pas encore en Chine de procédure adéquate pour liquider une société.

Les grandes entreprises soutenues par l'État et ayant accès aux banques ont les moyens de gérer leur plan de licenciement. Ce n'est pas le cas des petites et moyennes entreprises, elles dépendent souvent de la finance de l'ombre et quand on leur coupe le robinet du crédit, leur disparition est souvent brutale. Ce qui entraine dans la foulée la disparition d'autres entreprises, des sous-traitants par exemple.

Quels sont les salariés les plus exposés ?

Les migrants venus des campagnes pour faire tourner les usines sont les principales victimes de ces licenciements expéditifs. Difficile pour eux de se retourner rapidement, car l'emploi industriel est en chute libre depuis deux ans. D'où leur colère qui éclate de façon de plus en plus violente. Il n'est pas rare que des salariés licenciés retiennent leur patron en otage.

La région du Guangdong, dans le sud-est de la Chine, considéré comme l'atelier du monde, est la plus sujette à ces troubles sociaux. À chaque fois, la police intervient rapidement. Les forces de l'ordre sont parfois aussi nombreuses que les manifestants.

Ces manifestations vont-elles se poursuivre ?

D'après les seuls chiffres fournis abondamment par les autorités chinoises, les chiffres sur la croissance, l'économie est toujours à la peine. Cette année, Pékin aura du mal à réaliser son objectif de 7 % de croissance et pour 2016, l'académie des sciences sociales s'attend à un rythme au mieux de 6,8 %.

Un conseiller proche du pouvoir a admis qu'il y aurait de nouvelles vagues de licenciements. On peut donc s'attendre à d'autres accès de colère. Ces conflits sont de plus en plus fréquents, mais demeurent circonscrits, il n'y a pas eu pour le moment de protestation nationale et les autorités chinoises y veillent, les militants du droit du travail sont très vite arrêtés, et dans la province du Guangdong, l'activité syndicale indépendante demeure interdite. 


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