Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
La Chine garde le cap des 7% de croissance que le Premier ministre Li Keqiang avait fixé pour l’année 2015. Lors de l’Assemblée nationale populaire en mars, le chef du gouvernement avait déjà préparé le terrain, en annonçant la fin de la période faste et le début d’une « nouvelle normalité », avec une croissance plus durable et moins dépendante de l’industrie lourde très polluante.
Exportations, production industrielle, consommation intérieure et investissements, tout tourne au ralenti. Depuis la crise financière en 2009, le tableau n’a jamais été aussi morose. « L’économie a besoin de se transformer et de moderniser ses industries. Or, dans le système actuel, les entreprises majoritairement contrôlées par l’Etat n’arrivent pas à quitter leur mode de fonctionnement extensif pour miser plus sur l’innovation. C’est pourquoi la Chine se trouve dans cette impasse », explique Hu Xingdou, économiste de l’université de Pékin.
Pour éviter la perte d’emplois qui pourrait créer des tensions sociales, il est impératif de stimuler l’activité, estime Hu Xingdou : « Le gouvernement contrôle l’économie, donc il peut intervenir au niveau fiscal en réduisant les taxes, en augmentant les investissements. Il peut prendre des mesures monétaires et ajuster les taux d’intérêt. Dans une telle économie étatique, le gouvernement a un grand pouvoir. »
Pour le journal China Daily proche du gouvernement, une croissance plus faible ne constitue d’ailleurs pas une menace mais une opportunité pour rendre l’économie plus stable et plus durable. Malgré cet essoufflement évident, le Bureau National des Statistiques se veut rassurant et souligne que « l’emploi, les prix à la consommation et les attentes du marché restent stables ».