Comment gérer le retour en force de l'Iran au sein de l’Opep, alors que le marché du pétrole est toujours aussi saturé et que le déclin des cours se prolonge ? Collectivement, la majorité des membres du cartel, Venezuela en tête, seraient prêts à diminuer le niveau de leur production pour envoyer un signe haussier au marché. Mais individuellement, c'est une autre affaire.
Aucun État ne veut se sacrifier, l'Opep a déjà perdu 450 milliards de dollars de revenus en un an alors que l’organisation n'a jamais autant pompé de pétrole, bien au-delà de son plafond officiel (30 millions de barils par jour), pour tenter d'asphyxier les productions concurrentes, notamment des États-Unis, en vain pour l'instant.
L'Iran ne veut pas renoncer à son grand retour sur le marché mondial du pétrole
Pour l'Iran, marché saturé ou pas, il n'est pas question de renoncer à son grand retour sur le marché mondial du pétrole, 1 million de barils par jour supplémentaire, promet-il, dès la levée des sanctions occidentales. Mais l'Irak, même gouverné par des chiites, n'a pas l'intention de renoncer à produire ses 4 millions de barils par jour, un record, pour financer sa guerre contre l'organisation État islamique.
Seule l'Arabie saoudite malgré quelques difficultés budgétaires aggravées par ses nouvelles dépenses de guerre, a encore les moyens de resserrer un peu les vannes pour faire de la place à son rival iranien. Au cours des dernières heures, une inflexion s'est fait sentir, par rapport à la stratégie antérieure du royaume, qui était d'inonder le marché du pétrole plutôt que de céder du terrain.
Vers une diminution discrète de la production en Arabie saoudite ?
Les autorités de Riyad seraient désormais prêtes, selon un rapport d'Energy Intelligence, à accepter une réduction de la production de l'Opep de 1 million de barils, justement la production supplémentaire annoncée par Téhéran, si les camarades de l'Opep affichent une plus grande discipline et si les pays pétroliers hors de l'Opep, comme la Russie, font également un geste.
On en est très loin, mais l'avoir laissé entendre pourrait permettre à l'Arabie saoudite de diminuer discrètement sa production sans perdre la face devant l'Iran triomphant. Quitte à déguiser cette concession en une simple courtoisie envers un autre pays, l'Indonésie, qui fait son retour dans l'Opep.