Ce tournant de la finance s’accélère depuis un an. On dénombre aujourd’hui 500 institutions qui ont commencé à décarboner leur porte-feuille. Cette année, après le fonds souverain norvégien, les grandes banques françaises, puis les assureurs, ont annoncé la fin de leurs investissements dans le charbon.
En Allemagne où cet hydrocarbure est pourtant abondant dans le sous-sol, comme dans le mixte énergétique, l’assureur Allianz a fait sensation il y a quinze jours en déclarant qu’il se retirait de toute société réalisant le tiers de son chiffre d’affaires avec cette énergie fossile, il mise dorénavant sur les énergies renouvelables. Les églises, les universités américaines qui ont verdi leurs placements ont agi soit par conviction, soit la pression des organisations non gouvernementales, mais c'est surtout le risque financier qui a motivé la conversion des établissements financiers.
Le charbon n'est plus rentable ?
Les investisseurs ont fait leurs comptes : en Allemagne, le secteur du solaire et de l’éolien dégage des profits de 5 à 6 %, tandis que le retour sur investissement dans le charbon est deux fois moindre, et surtout il devient à moyen terme de plus en plus improbable. Une centrale au charbon est amortie au bout de quarante ans.
Mais si dix ans après sa construction elle est contrainte de fermer en raison des nouvelles réglementations carbone, ce sera une perte sèche pour ceux qui l’ont financé. Il est donc urgent de se débarrasser de ces actifs à risque. Le déclin de la consommation du charbon est déjà une réalité : elle a commencé à baisser l’année dernière, la tendance doit se confirmer cette année.
Pourquoi certains États continuent à lancer de nouveaux chantiers de centrale à charbon ?
Il y a aujourd’hui 2 400 centrales en projet. Si elles entrent toutes en activité, on dépassera allègrement la limite des +2 °C, si en Europe ou aux États-Unis elles serviront surtout à remplacer les centrales existantes. Dans les pays émergents, elles sont lancées pour couvrir les besoins énergétiques. Mais en fait, on ne sait pas encore si toutes sortiront vraiment du sol. Et certaines pourraient être achevées et devenir des infrastructures fantômes. C’est particulièrement vrai pour la Chine. Le premier consommateur au monde de charbon par ailleurs confronté à un ralentissement de la croissance lance volontiers des projets d’infrastructures pour soutenir l’activité plutôt que pour remplir une mission réelle.
Enfin l'Inde, l'autre gros consommateur de charbon qui défend à la COP21 son droit au développement y compris avec les énergies fossiles, est prête à modifier sa stratégie énergétique et à privilégier le renouvelable. À condition que les pays du Nord, les pollueurs historiques de la planète, lui donnent en échange une aide pour financer le solaire. Un sujet qui est sans doute âprement discuté par les négociateurs de la COP21.
♦ En bref dans l'actualité économique
Goldman Sachs veut créer une monnaie virtuelle
Bluffée par la vigueur du bitcoin, la grande banque d'affaires américaine a déposé des brevets pour créer à son tour une cryptomonnaie. Elle ne sera pas destinée au grand public, mais à ceux qui réalisent des opérations boursières. Si les transactions sont aujourd'hui ultrarapides grâce à la numérisation des marchés, le règlement en argent sonnant et trébuchant prend encore plusieurs jours parfois. Cette nouvelle monnaie permettrait des règlements quasiment instantanés.