Zone euro: la Banque centrale européenne persiste et signe

Ceux qui attendaient des mesures spectaculaires pour conjurer la menace de déflation en zone euro ont sans doute été déçus par les annonces faites cet après-midi par Mario Draghi. La Banque centrale européenne va poursuivre quasiment la même politique.

La Banque centrale européenne continuera à faire fonctionner la planche à billets au moins jusqu'au printemps 2017, c'est-à-dire six mois de plus que prévu. Le montant de ce programme d'assouplissement monétaire reste le même : 60 milliards d'euros par mois. Seul aggiornamento : la BCE pourra racheter la dette des collectivités et pas seulement celle des États.

Par ailleurs, les banques trop frileuses pour prêter qui mettent leurs liquidités en pension sur les comptes de la BCE seront encore plus pénalisées puisque le taux de ces dépôts va reculer de -0,2 à -0,3. L'objectif est de faire rejaillir l'argent injecté sous forme de crédit pour les consommateurs, ou pour les entreprises voulant investir. Explication de texte de Mario Draghi : « nous en faisons plus parce que ça marche, pas parce que c'est un échec ».

Une inflation trop basse

Le crédit est un peu reparti et la reprise est manifeste, mais l'inflation demeure trop basse. 0,1 % attendu pour 2015 signifie que le cercle vertueux n'a pas été enclenché, parce qu'il a été perturbé par l'environnement extérieur, reconnait Mario Draghi. D'abord par le contre choc pétrolier que la BCE n'a pas anticipé ; les cours du pétrole ont reculé de 60 % en un an. Cette bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des ménages a tiré vers le bas le prix moyen du panier de la ménagère. Dans ces conditions, l'assouplissement monétaire est tombé à plat.

Aussi, le prix du baril de brut continue à reculer. La demande flanche à cause du ralentissement des émergents. C'est le deuxième contre-choc qui fragilise la zone euro depuis cet été. Face à ces imprévus, et s'il y en a d'autres, la Banque centrale européenne se réserve la possibilité de calibrer à nouveau son bazooka au gré des circonstances, a précisé Mario Draghi, soucieux d'apparaitre comme un patron de Banque centrale qui maitrise son action.

Un affaiblissement de l'euro recherché

La première réaction des marchés a été négative : les bourses comme l'euro ont chuté suite aux annonces faites par la BCE. Comme si « Super Mario » avait perdu le pouvoir d'ensorceler les investisseurs. Mais n'est-ce pas précisément l'effet que le président de la Banque centrale européenne recherchait ? Le coup du mou de l'euro arrange bien les affaires de la BCE. Le contrôle du taux de change n'est pas dans son mandat, mais avec l'assouplissement monétaire, elle a sciemment recherché un affaiblissement de l'euro, car cette baisse soutient les exportations de toute l'Europe et donc l'activité.

Et quand l'euro recule, le coût des importations s'élève, les prix des marchandises des pays tiers augmentent et cela peut aussi être un coup de pouce à l'inflation. On y revient. Enfin en endossant un costume plus sobre de technicien monétaire, Mario Draghi espère aussi déplacer les projecteurs vers les dirigeants politiques sommés une fois encore de faire des réformes structurelles pour accélérer la croissance.

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