D'après une enquête publiée en début d'année par l'Observatoire du fait religieux en entreprise, il n'y a pas eu ces dernières années en France une nette hausse des conflits motivés par la religion. Le nombre d'incidents signalés est stable. 8 fois sur 10 une solution est trouvée. 92% des personnes interrogées se disent pas gênées par la pratique religieuse de leurs collègues. Ce tableau général rassurant nous renseigne sur le comportement ouvert des salariés mais pas sur la présence parmi eux des plus radicalisés. Ce sont ceux-là que les récents attentats ont révélés. En juin, c'est un employé radicalisé de longue date qui a décapité son patron dans le sud-est de la France. Et l'on a découvert que l'un des attaquants du vendredi 13 novembre avait travaillé pendant plus d'un an à la RATP.
Le secteur du transport est particulièrement exposé
Les transports urbains, le rail, l'aérien, sont évidemment en première ligne. A la SNCF, les personnes à risque ne peuvent pas être affectées à la conduite des trains, à l'aiguillage ou la sécurité avec port d'armes; quand elles sont signalées à ces postes, elles sont mutées. Les personnels travaillant dans les zones sensibles de l'aéroport de Roissy, c'est-à-dire les pistes et le tri des bagages, sont soumis à une enquête des services de l'Etat. Une cinquantaine d'entre eux ont perdu leur poste depuis le début de l'année, et une cinquantaine de candidatures ont été refusées. A EDF aussi, on est extrêmement pointilleux avec le personnel travaillant dans les centrales nucléaires. Chaque année en moyenne 700 salariés sont écartés sur les 100 000 examinés, y compris parmi les sous-traitants . Cela concernerait quelques dizaines de radicaux islamistes. A noter qu'en Belgique, on a découvert l'année dernière qu'un jeune parti en Syrie avait été auparavant ingénieur dans une centrale exploitée par le français Engie.
A la RATP, la nouvelle patronne déclare qu'aucun incident n'a été signalé depuis son arrivée au printemps
En revanche, plusieurs syndicalistes dénoncent la loi du silence sur des dérives islamistes tolérées depuis des années par l'encadrement, pour préserver la paix sociale, parfois sous la pression de certains syndicats. Les conducteurs refusant par exemple de prendre la relève après une femme conductrice feraient partie des nouvelles réalités de l'entreprise. Cette société, dont la mission est de desservir toute l'Ile-de-France, y compris les banlieues, recrute aussi dans ces villes aujourd'hui pointées du doigt comme potentiel vivier de terroristes. C'est aussi le cas dans les services de transports des grandes métropoles françaises. Ces entreprises ont donc la mission délicate de concilier leur politique de recrutement et la sécurité maximale.
Des mesures ont elles été prises depuis les attentats pour mieux détecter les dérives?
Pour le moment, les autorités demandent une plus grande vigilance des entreprises, elles pourraient envisager un traitement particulier ultérieurement. Un rapport confidentiel sur la sécurité des sites sensibles sera transmis au Premier ministre avant la fin de l'année. Le Medef a de son côté créé des commissions travaillant sur ces questions au lendemain des attentats. Dans le secteur de la surveillance, l'embauche devient de plus en plus complexe. Au moment où le besoin de sécurité est accru, il faut trouver très vite de nouveaux candidats tout en étant encore plus exigeant sur leur profil.