Syrie: les pays baltes opposés à une coalition avec la Russie

Ce jeudi 26 novembre, le président français François Hollande se rend à Moscou pour y rencontrer son homologue russe. Il veut convaincre Vladimir Poutine de former avec lui une grande coalition pour vaincre Daech. Une perspective qui inquiète les Etat baltes, et à laquelle ils ne se joindront pas. Pourquoi les Baltes refusent-ils pour l’instant de faire partie de cette « grande coalition » qui compterait la Russie ?

De notre correspondante à Vilnius (Lituanie),  Marielle Vitureau

Pour les Baltes, la Russie est un agresseur. Elle occupe la Crimée, une partie du territoire ukrainien souverain, et elle ne respecte pas les accords de Minsk pour installer un cessez-le feu durable en Ukraine. Les trois présidents baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie) se sont rencontrés il y a presque une semaine. La présidente lituanienne a été la plus catégorique d’entre tous : « La Russie commet des actes de guerre dans deux pays, l’Ukraine et la Géorgie », a-t-elle dit.

Relations difficiles avec Moscou

Impossible, donc, de s’allier à Moscou vu de Vilnius. Malgré des alliances temporaires entre l’Occident et la Russie, rien ne change chez le président Poutine. Le pays reste un état autoritaire, défiant le droit international, et à terme, les Baltes craignent qu’avec une telle alliance, l'Union européenne oublie l'Ukraine, en quelque sorte. Ils craignent même que cela puisse arriver bientôt, car fin décembre, les 28 Etats membres de l'UE doivent se réunir pour discuter de la prolongation des sanctions à l’égard de la Russie.

Un désengagement de l’Europe en Ukraine signifierait un danger pour Kiev, certes, mais aussi pour  la sécurité des Etats baltes, si Poutine a les mains plus libres. C’est notamment ce que pense le politologue lituanien Sarunas Liekis. Ces craintes sont alimentées par les démonstrations militaires russes. La semaine dernière encore, les avions de l’Otan ont accompagné quatre avions militaires russes à proximité de l’espace aérien balte. L’un d’eux volait transpondeur éteint. Ces statistiques se répètent semaine après semaine.

Concernés par la menace jihadiste

Pour cette raison, les budgets alloués à la défense augmentent dans les trois pays baltes. Des quartiers généraux de l’Alliance atlantique ont été ouverts en septembre à Vilnius, Riga et Tallinn, les trois capitales. Les trois présidents l’ont dit : la menace terroriste est faible dans la région. Pour autant, les Baltes se sentent concernés. Ils participent déjà à la coalition créée en septembre 2014. Les Lituaniens le font sous l’égide des Britanniques. La Lettonie et l’Estonie apportent pour leur part une aide logistique.

Alors que ces pays pourraient paraître éloignés de ce phénomène, à la fois géographiquement et culturellement, les médias publics letton et estonien ont récemment rapporté des cas de jeunes gens qui pourraient combattre en Syrie. Le procès de deux hommes suspectés d'avoir aidé un troisième à se rendre en Syrie a notamment lieu en ce moment en Estonie.

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